samedi 19 octobre 2024

Concentration du Club des Cent Cols, Ariège 2024

Rassemblement régional du Club des Cent Cols et de l’Ordre des Cols Durs dans les Pyrénées : un rendez-vous automnal incontournable pour de fervents adeptes du vélo en montagne.

C’est la troisième fois que je participe avec plaisir à cet événement et la troisième fois que je reviens en Ariège avec bonheur. Après les concentrations des années précédentes au col de Calzan (Ariège 2019), au col de Portech (Ariège 2021), au col de Larrieu (Haute Garonne 2023), cette année, c’est le col de Latrape (Ariège) qui a été retenu par les organisateurs.

Michel P. a commencé l’aventure avant les autres participants du séjour puisque c’est lui qui a finalisé ce beau projet avec l’aide de Viviane, son épouse et collaboratrice, notre super intendante, attentive aux goûts de chacun et soucieuse de notre bien-être grâce à des potions magiques et baumes en tout genre.


Le Salat à Couflens (Ariège)

Michel a le don de nous dénicher des hébergements situés dans des endroits relativement pittoresques, triés sur le volet. Pour ce mini-séjour du 4 au 8 octobre 2024, c’est dans un gîte communal que nous allons nous retrouver. Pour planter le décor, fermez les yeux et laissez-vous guider. Imaginez un territoire adossé à la montagne, une petite route qui vous emmène dans un étroit vallon en forme de couloir. Une route du bout du monde qui débouche sur une cuvette au pied des flancs des massifs pyrénéens. Et derrière le versant, de l’autre côté de la crête, un autre pays frontalier : l’Espagne. Tendez l’oreille pour entendre les eaux vives du Salat qui cascadent entre les pierres. Voyez les eaux transparentes et le fond du torrent de couleur émeraude !

Vous voici arrivés à Couflens, au démarrage de l’ascension du Port d’Aula. Quel ravissement au bout de cette route sans issue !



 JOUR 1  – Vendredi 4 octobre : Après- midi d’acclimatation


Catherine H., Claude S. et moi-même sommes les premiers arrivés sur place. La clé est sur la porte du gîte mais nous préférons attendre les consignes de Michel et de Viviane pour prendre nos quartiers. Il fait beau, le soleil brille. Claude en profite pour faire une petite sieste, allongé sur un banc pendant que je visite l’église du village. Soudain, nous sommes « cueillis » (accueillis) par une autochtone, une dame du « cru ». Elle a très envie d’engager la conversation et très vite nous allons apprendre l’histoire du Haut Couserans car l’experte locale est passionnée, passionnante et surtout intarissable ! En quelques minutes, nous savons tout sur les oursaliers de la vallée d’Ustou, sur les colporteurs, ces aventuriers du commerce qui parcouraient les routes bien au-delà des limites de la région avec des objets à vendre, sur les crues dévastatrices dans la vallée, etc. Nous ne savons comment faire pour prendre poliment congé d’elle lorsque la fée Viviane nous délivre enfin de la volubile en nous prévenant de son arrivée.


Salau (Ariège)


Une fois les voitures déchargées, la répartition des chambres faite et nos affaires déballées, Michel nous propose une balade en voiture jusqu’à Salau et la découverte de ce dernier hameau reculé au fond du cul-de-sac, face à la barrière pyrénéenne, avant le passage du Port de Salau, voie très fréquentée au Moyen- Age, ancienne commanderie des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem.


Notre-Dame de Salau


La route goudronnée prend fin, laissant place à des pistes et des chemins transfrontaliers de haute montagne. Surplombant le cours tumultueux du Salat, l’église Notre-Dame de Salau de Couflens frappe par la simplicité et la pureté de son architecture romane. En 1982, une crue avait emporté les parties les plus anciennes de l’édifice.

Puis c’est au tour d’un vestige de l’époque industrielle d’attirer nos regards. Au 20ème siècle, une mine de tungstène était exploitée en ce lieu et l’employeur avait fait construire une cité H.L.M. afin d’y loger les mineurs et leurs familles. Quelle surprenante architecture à laquelle le visiteur ne s’attend absolument  pas mais qui nous montre à quel point ce village fut autrefois modelé par son activité économique.


Le village de Salau, au bord du Salat

 

Viviane repère un panneau indiquant la présence d’une fromagerie ainsi que la direction à prendre pour y arriver. Nous ne trouverons jamais la ferme, serons obligés de faire demi- tour et rentrerons bredouilles au gîte ! Nous apprendrons, mais bien plus tard, que les fromageries ont fermé leur porte mais que les panneaux vantant les produits fermiers et la gastronomie locale, eux, n’ont pas été retirés dans les bourgades ! D’ailleurs, en ce début octobre, la plupart des cafés, restaurants, auberges ont déjà baissé leurs stores.


JOUR 2 – Samedi 5 octobre : Sortie vélo en Couserans, au coeur des Pyrénées ariégeoises. En route vers les sommets !


 Et si nous nous faisions quelques cols ? Nous sommes venus pour ça. Allez, en selle, c’est parti pour une quarantaine de kilomètres mais avec 1193 mètres de dénivelé positif et le franchissement de trois cols (en formule aller-retour) pour gonfler notre cagnotte !


En route pour les cols


Seulement quatre petits degrés au thermomètre de la voiture lorsque nous démarrons pour cette sortie « déportée » au départ de Massat. Le ciel est dégagé mais il fait frisquet et les températures vont fluctuer selon les passages ombragés ou ensoleillés. Nous atteindrons tout de même les dix-neuf degrés en haut du col d’Agnes sur les coups de midi.


Nous enfourchons nos petites reines à Massat et nous nous laissons glisser jusqu’à une chapelle isolée, en limite de la commune, en bordure de la départementale 18 menant au village « Le Port ». Il s’agit de la chapelle de Saint Martin, bâtie, en couches successives, avec des pierres de taille et avec des galets. « Clic ! Clac ! » Première halte photo malgré la difficulté à retirer nos gants longs pour enclencher l’appareil.


Chapelle Saint Martin


À l’entrée du village « Le Port », nous marquons un temps d’arrêt pour admirer le pont de pierres, pont roman qui enjambe l’Arac.


Pont sur l'Arac, au village « Le Port »


Le village doit son nom au col de Lers au pied duquel il est sis (le port = le col). Quant au col « La Porteille ou La Pourteille » (732 m d’altitude), reconnu par le Club des Cent Cols, il se situe, lui, exactement à la sortie du village en direction de l’étang de Lers.


Claude et Marie-Ange


À la sortie du village, nous suivons le ruisseau de Courtignou (affluent de l’Arac) jusqu’au Courtal de Peyre Auselère («Pierre aux oiseaux»). Pour y pénétrer, il faut franchir le torrent en passant sur une énorme pierre plate qui fait office de pont. Le lieu est magique. Nous découvrons un ancien village pastoral du XVIIème siècle avec ses petites huttes rondes en pierres sèches (également appelées « orris ») dont chacune avait son utilité propre : stocker le beurre, abri pour les chiens, etc.


Courtal de Peyre Auselère

Les colchiques d’automne des Pyrénées s’épanouissent par petites touches violettes dans le paysage. Dans les estives, les ovins et les bovins profitent encore des pâturages. Dans leur robe grise argentée ou blanc cassé et parées de leurs clarines, les Gasconnes, reines des Pyrénées, goûtent encore à la liberté, au soleil et à l’herbe fraîche.

Gasconnes, reines des Pyrénées

Au bout de 13 km environ, nous atteignons le carrefour de la D18 et de la D8. Sur notre gauche, un panneau de randonnée nous indique la direction des cabanes de Lamarda, témoins de l’ activité agropastorale d’autrefois. Mais pour les atteindre, la piste n’est pas goudronnée et c’est un chemin de berger. La tentation d’y aller est forte mais nos montures ne sont pas adaptées à ce revêtement caillouteux.

Le deuxième col sur notre liste (après celui de La Porteille) est le col d’Agnes. Prononcez « agne » et non « agnès », le nom de ce col venant très probablement du mot “agneau”, “agnellus” ou encore “agnus” en latin.

Au croisement, à gauche, c’est la route qui monte au Port de Lers; à droite, celle qui monte au col d’Agnes. Nous bifurquons donc sur notre droite.


Viviane, en route pour le col d'Agnes

Nous frôlons l’étang  de Lers, étang d’altitude d’origine glaciaire. Il est presque midi et les pique-niqueurs s’apprêtent à déjeuner sur l’herbe dans ce havre de paix exceptionnel.

L'étang de Lers


J’en profite pour retirer mon coupe-vent dans lequel je commence sérieusement à transpirer. Un sérieux coup de pédales est nécessaire pour parvenir au col. Nos mollets sont sollicités ! J’avance moins vite, je ralentis, j’ai le temps de compter les carlines, plantes emblématiques des montagnes ! Mais mes efforts sont vite récompensés.


Marie-Ange arrive au col d'Agnes

Au col d’Agnes, un superbe panorama sur la chaîne pyrénéenne s’offre à nous. Effet « waouh ! » garanti. Époustouflant ! Le spectacle se dévoile. La montagne se découpe sur le ciel et s’étire sous nos yeux façon écran géant. Les pics ont fière allure. La vue est dégagée. Les parois brillent par endroit.


Panorama depuis le col d'Agnes, versant Aulus


Un trio de cyclistes nous tire de notre contemplation. Ils portent le maillot du club des Cent Cols ; ils viennent de Haute-Loire pour le rassemblement régional et ils ont fait l’ascension du col d’Agnes depuis Aulus-les-Bains. Nous les croiserons le lendemain au col de Latrape.

Nous déjeunons adossés à un talus de bruyères, face au soleil à une altitude de 1570 m, selon la tradition des C.R.Q. (Cyclos Randonneurs du Quercy), à savoir pique-nique embarqué et tiré du sac ou des sacoches.


Pique-nique au col d'Agnes

Repas terminé, la descente vers l’étang de Lers nous tend les bras mais Viviane est un brin contrariée, elle qui aurait souhaité se prélasser au soleil et savourer l’instant présent, tout là-haut sur la montagne. L’étang de Lers invitant à la détente et au repos, elle s’accordera finalement une micro- sieste près du lac pendant que Catherine, Michel, Claude et moi gravirons le col de Lers. Nous la réveillerons lors de notre troisième passage au croisement !


Après la descente du col d’Agnes, mes muscles, mis de nouveau à l’épreuve, ont du mal à repartir. La montée au Port de Lers est plus courte que celle du col d’Agnes et la pente est plus régulière, moins exigeante.


Port de Lers en vue

L’atmosphère n’est pas non plus la même. La nature est plus sauvage. Les couleurs de l’automne sont plus prononcées. Dans le ciel, nous assistons au ballet des parapentistes qui prennent leur envol depuis le bord de la route.

Parapentistes prêts pour l'envol

L’ascension se termine par un « presque plat » ouvert sur de grands espaces. Le col (1517 m d’altitude) est un parc de stationnement, départ de plusieurs sentiers de randonnée. Il n’est pas question de basculer vers la vallée de Vicdessos.


Arrivée de Michel au port de Lers

Nous opérons un demi-tour, nous retrouvons Viviane qui nous attend sagement à la fourche des deux itinéraires et nous n’avons plus qu’à nous laisser redescendre doucement tous les cinq jusqu’à Massat.

La récupération de cette journée se fera dans une ambiance cocooning, à la chaleur d’ une flambée dans le poêle à bois.


Colchiques dans les prés… au Port de Lers


JOUR 3  – Dimanche 6 octobre : De La Taule à Latrape

par le Trein d’Ustou ; au pays des montreurs d’ours


Boucle de 52 km, avec 923 m de dénivelé positif, et un col (le col de Latrape)


Aujourd’hui, c’est sur nos vélos que nous démarrons du gîte. Les températures matinales sont reparties à la hausse. Nous commençons par un faux-plat descendant de six kilomètres depuis Couflens jusqu’au hameau du Pont de la Taule, six kilomètres que nous devrons remonter en fin d’après-midi pour regagner notre hébergement.

La route humide longe le Salat qui chantonne. L’eau turquoise du torrent murmure et chemine à nos côtés. Au panneau de signalisation routière « Stop » du Pont de la Taule, nous tournons à droite pour nous engager dans la vallée d’Ustou et remonter gentiment le long de l’Alet qui est un affluent du Salat.


L'Alet à Pont de la Taule

Dans les vallées du Couserans, l’eau vive est omniprésente tout comme les Gasconnes des Pyrénées et leurs petits, ainsi que les brebis et leurs agnelets.


Brebis et ses deux agnelets


Nous n’allons pas un train d’enfer, soucieux de ne pas dépasser le 30km/h, surtout dans la traversée du hameau Le Trein d’Ustou.


Michel au Trein-d'Ustou

Mais voilà que dans un lacet à la sortie d’Ustou, la route devient plus agressive. La montée au col démarre officiellement à Sérac-d’Ustou et il faut compter environ 6 km pour arriver à notre point de rendez-vous : le col de Latrape. La pente moyenne est de 7,17%.


Profil du col de Latrape, depuis Sérac

Peu avant le sommet, nous laissons sur notre droite la station de Guzet-Neige. Viviane, Catherine et moi-même nous repérons une ancienne carrière de marbre pour marquer une pause. Au redémarrage, le moteur du vélo de Viviane émet une drôle de plainte. Rien de grave… Nous finissons par retrouver Claude et Michel (qui nous ont largement devancées) au col de Latrape, à 1110 m d’altitude.

Le Club des Cinq au col de Latrape

Une centaine de cyclistes, essentiellement de la région, sont venus fêter cette 30ème concentration régionale Pyrénées qui se déroule pour la 18ème fois en Ariège, organisée conjointement par deux confréries, le Club des Cent Cols et l’Ordre des Cols Durs.

Concentration au col de Latrape

Belle rencontre ensoleillée autour de la traditionnelle cérémonie des discours, du copieux buffet (même si cette année le vin rouge a été oublié !) et du pot de l’amitié !

Col de Latrape : les discours

La journée est si belle que la plupart des cyclistes s’attardent, échangent, pique-niquent avant de redescendre dans les vallées.

Pique-nique au col de Latrape

Viviane a le temps de paresser un peu avant la plongée rapide sur Aulus-les-Bains.


Vue plongeante sur Aulus-les-Bains


Dans cette station thermale, un commerce est ouvert le dimanche. J’en profite pour acheter du fromage du terroir au goût original et subtil : un morceau de “trois laits”, résultat d’une alliance du lait de brebis, de vache et de chèvre. Viviane flashe sur des baumes de secours, produits de soin multi- fonction aux vertus thérapeutiques et réparatrices pour la peau. Chacune son truc !


Le Garbet à Aulus-les-Bains


Depuis Aulus jusqu’à Oust, la vallée du Garbet ne présente aucune difficulté. Des bâtisses au toit particulier captent mon attention. Il s’agit de granges anciennes dont les pignons sont taillés en gradins protégés par une ardoise. Ces « escaliers de toiture » portent le nom de penaüs (pas d’oiseaux ou pas de moineaux). Ce mode de construction facilitait le changement du chaume et proté-geait de la pluie, évitant ainsi le pourrissement précoce de ce dernier.


Une grange avec toiture à pas de moineaux


Cette vallée est également réputée pour ses montreurs d’ours. À la fin du 19ème siècle, un métier méconnu fait son apparition en Ariège : montreur d’ ours, « orsalher » en gascon. Les hommes cherchaient un moyen de fuir la misère en capturant des oursons qu’ils dressaient en vue de les montrer en spectacle.


Montreur d'ours en 1925 (source Gallica-BNF)

Nous faisons la traversée d’Ercé, d’Oust et de Seix sans ralentir.

Le Garbet dans la traversée d'Ercé


Mais après Le Pont de la Taule, une surprise de taille nous attend qui va venir perturber quelque peu notre retour. Rappelez- vous : il n'y a qu’une seule route pour se rendre du Pont de la Taule à Couflens et si un obstacle vient à l’obstruer,

Salau et Couflens se retrouvent coupés du monde.


Justement, aujourd’hui, c’est la transhumance hivernale qui va nous obliger à déchausser, à nous arrêter et à nous garer pour laisser passer six cents brebis, les chiens prêts à intervenir pour le bon déroulé des opérations, les éleveurs et les bergers qui redescendent des estives et qui vont parquer les bêtes pour la nuit à Seix. Les brebis déboulent à leur vitesse de croisière rythmée par les sonnailles et les clarines !


Transhumance


Je me dis que la douche et l’apéro, ce n’est pas pour tout de suite ! Mais quel spectacle ! Cette rencontre inattendue vaut bien quelques minutes de retard ! La route une fois libre, nous n’avons plus d’autre choix que de cibler notre trajectoire en slalomant entre les nombreux cachous !


Au final, quel bonheur d’être passés à Latrape !



 JOUR 4  – Lundi 7 octobre : Du côté de Saint-Girons. Cols routiers et col muletier et suite de la transhumance.


Boucle de 45 km avec 760m de dénivelé positif et 6 cols pour Claude, 5 cols pour Michel, 4 cols pour Catherine, Viviane et Marie-Ange.


Aujourd’hui nous avons choisi d’engranger des cols plus « discrets ». « Moins connu » ne signifie pas forcément « plus facile ». Nous allons une fois encore en faire l’expérience ! Nous faisons une approche en voiture jusqu’à Lacourt où Michel a repéré un lieu pour garer les trois voitures. L’air est chaud et humide mais la pluie n’est annoncée que pour le début de soirée. Au départ, nous allons prendre la direction du col de la Crouzette (un col déjà franchi lors d’un précédent séjour) vers Rivèrenert, par la départementale 33, dite aussi route des cols.


Route des cols

Depuis Lacourt, nous commençons par remonter une vallée entre deux crêtes, la vallée du Nert. Le Nert est un petit affluent du Salat et nous allons nous diriger vers sa source par un faux plat montant au creux d’une longue combe. De petits hameaux nichés au cœur de la forêt nous accueillent. Successivement, nous traversons Lauch, puis Rougé, puis Les Cabesses.

Quelque part sur la route des cols

La D33 est une petite route tranquille, sinueuse… et trompeuse ! Car la pente se fait beaucoup plus raide que je ne l’aurais imaginé. « Ça pique! » selon l’expression de Viviane. Il faut fortement appuyer sur les pédales pour atteindre le premier col, le col de la Tournerie (899m) puis l’intersection avec la départementale 18b (environ 1000m d'altitude). Chacun monte à son rythme.

À cette intersection, nous nous trouvons en contrebas du col de la Crouzette et au-dessus du col de Rille. C’est l’endroit idéal pour le regroupement de toutes les forces en présence ! En ce lieu, une stèle rend hommage aux Résistants du Maquis de la Crouzette.


Bifurcation col de la Crouzette - col de Rille


Nous reprenons des forces avant d’engager la descente vers le col de Rille (938m). Nous basculons dans un univers plus ombragé. Au-dessus de nos têtes, le ciel est visible à travers une voûte boisée et la route apparaît comme un sillon lumineux dans le massif forestier. Viviane nous dit que « ça sent le champignon ».


Brève descente vers le col de Rille

Dans ce secteur, rares sont les panneaux portant le nom des cols. Aussi nous n’hésitons pas une seule seconde à prendre la pose devant celui du col de Rille. Le 1er  octobre 2017, c'est ici qu'avait lieu la concentration régionale des deux confréries.

Au col de Rille


Le prochain col à aller chercher, les Courets (875m), est un col muletier à 230m à l’écart de la route. Seuls Michel et Claude s’aventurent sur ce chemin non goudronné. À l’entrée de la piste, et en attendant le retour de nos deux baroudeurs, Catherine consulte les noms des habitants sur les boîtes aux lettres et constate que l’une d’entre elles mentionne… Michel et Viviane! Un signe qui ne trompe pas ! C’est bien un col pour Michel !

Le quatrième col sur la D18, avant de retrouver la civilisation, est le col de Vigne (636m).


Au bas de la descente, nous décidons d'opérer un détour pour admirer l’un des fleurons du patrimoine du Couserans, l’abbaye de Saint-Laurent de Combelongue, une abbaye prémontrée du Midi de la France. Nous avons des difficultés à trouver un des départs de la voie verte ; nous accédons donc à l’abbaye par une voie de circulation plus fréquentée, la D117. 

Cet édifice d’architecture romane, d’influence mudéjar, style créé par les musulmans après la reconquête chrétienne en Espagne, possède un jardin remarquable mais dont la visite requiert une réservation. C’est ici que fit étape le roi Louis VII, en 1154, en route vers Saint-Jacques-de-Compostelle.


Abbaye de Combelongue, près de Rimont


Les douze coups de midi retentissant au clocher de l’église de Rimont, nous décidons de casser la croûte à l’entrée du village. Des panneaux retracent l’histoire tragique des habitants de ce vallon du piémont pyrénéen le 21 août 1944 avec l’arrivée de groupes de soldats allemands et turkestanais, faisant de Rimont un village martyr. La pause déjeuner ne s’éternise pas et nous reprenons notre parcours sur une route étroite pour franchir, en rase campagne, entre Rimont et Lescure, le Pas de Bouych (530m).


Montée vers le Pas de Bouych

La largeur de la route s’amenuise et se confond presque avec le GR78. Il y a parfois de l’herbe au milieu (une route qualifiée « à la Michel Ponchet »). Et soudain, une biche, sortie d’un bois de sapins de Noël, nous coupe la route. Instant féérique…  C’est la magie de presque Noël !
Ensuite, c'est sur des axes routiers beaucoup plus empruntés par les véhicules, que nous gagnons la ville de Saint-Girons via Audinac-les-Bains, en laissant sur notre droite le village de Montjoie-en-Couserans.

Montjoie en Couserans 

À Saint-Girons, la plupart des commerces sont fermés en cette journée de lundi. Nous ne nous attardons pas, un dernier col attend Claude ! C’est en solitaire qu’il ira chercher Le Coch (530m), à la fois lieu-dit et col homologué, sur une petite route, à environ 1km de notre tracé, en direction de Encourtiech.


Le Coch

Pendant ce temps, notre quatuor continue d’avancer au-  devant d’une surprise ! Le troupeau des brebis croisé la veille, se dirige à présent vers Saint-Girons.

Transhumance le long du Salat

Claude croisera aussi la fin du troupeau en redescendant du Coch…

Transhumance

Sur les derniers hectomètres du parcours, des gouttes de pluie éparses font leur apparition mais rien de bien méchant. Les dieux sont avec nous depuis le premier jour !


Le Coch


JOUR 5  – Mardi 8 octobre : Transition qui coule de source pour conclure mon récit ! Ce n’ est qu’un « au-revoir »!


Après avoir passé toute la saison estivale dans les prairies d’altitude, il est temps pour les ovins, les bovins, les chevaux de retrouver leurs quartiers d’hiver. Tous ces animaux remonteront l’année prochaine. C’est le cycle de la transhumance.

Le cycle de la transhumance…


Comme eux, après avoir pédalé en altitude durant la saison favorable aux franchissements de cols, nous songeons à passer l’hiver au chaud ! Toutes les bonnes choses ont une fin et nous bouclons à regret nos valises pour regagner nos pénates. Le bilan de cette parenthèse à la montagne est positif. Nous avons bénéficié d’une météo parfaite. Nous n’avons subi aucun incident mécanique même si Michel et Viviane roulent parfois trop « chargés ». La preuve en image !


Trop lourdes, les randonneuses?


Ce fut un séjour court mais exceptionnel, bien rempli, hors du temps qui nous a réservé de belles surprises. Les jours ont défilé trop vite. Nous en avons pris plein les mirettes ! Même avec notre pratique de cyclos baroudeurs montagnards qui nous est personnelle, malgré nos différences de rythme et de cadence de pédalage, nous sommes restés unis comme les cinq doigts de la main, partageant ensemble les mêmes efforts tout en prenant de la hauteur, immergés en plein cœur de la nature.


Le rendez-vous est pris en 2025 pour une nouvelle concentration régionale du Club des Cent Cols dans les Pyrénées!


Texte : Marie-Ange

Photos : Michel Ponchet, Claude et Marie-Ange


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