Le Col du Galibier (2642 m) est l'une des ascensions mythiques du Tour de France, théâtre de nombreux exploits. Le 3 septembre 2020, j'ai eu l'occasion de découvrir ce monument du sport cycliste.
C'est évidemment le Tour de France et ses champions qui ont fait du Galibier un col de légende. La Grande Boucle a su mettre en valeur ses principales difficultés. Son altitude, 2642 m, en fait l'un des cols routiers les plus élevés des Alpes. Sa longueur est de 35 km, dont au minimum 30 km d'ascension (sauf si on démarre de Valloire). Quant à sa pente moyenne, elle est élevée sur les 8 ou 9 derniers kilomètres, quel que soit le versant…
La première ascension du Galibier sur le Tour de France remonte à 1911. C'est le champion français Emile Georget qui l'a franchi en tête, avant de terminer troisième du Tour cette année-là.
À cette époque-là, aucune route ne franchissait le sommet. On basculait dans la vallée opposée en franchissant un tunnel. C'était encore le cas en 1973 lorsque Luis Ocaña a définitivement conforté sa victoire sur le Tour dans une étape restée légendaire du fait de l'énorme avance acquise à l'arrivée sur les autres favoris.
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Luis Ocaña, suivi José Manuel Fuente, dans le Galibier en 1973 (photo Internet) |
À ce jour, le dernier coureur à l'avoir franchi en tête est le colombien Nairo Quintana, en juillet 2019, lors d'une étape qui arrivait à Valloire.
Choix du versant
Pour effectuer cette ascension, j'ai choisi l'option réputée la plus difficile, à savoir l'enchaînement "Col du Télégraphe + Col du Galibier", en partant de Saint-Michel-de-Maurienne. Près de 35 km, dont 30 km d'ascension, avec 1924 m de D+.
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Profil de l'ascension lors d'une étape du Tour 2011 (© A.S.O.) |
L'indication de la pente moyenne globale (5,51%) est fort peu significative car, comme on peut le voir sur le profil, ces 35 km se partagent en trois secteurs bien distincts.
- La montée au Col du Télégraphe : 12 km, à 7,1% de pente moyenne.
- La descente très roulante jusqu'à Valloire : 5 km (dénivelé négatif à 3,5% de pente, à prévoir en "positif" si on fait l'aller-retour).
- L'ascension proprement dite du Galibier : 18 km, à 6,8%.
Ce troisième tronçon peut lui-même être partagé en deux :
- De Valloire au Plan Lachat : 10 km, assez irréguliers.
- Du Plan Lachat au sommet : 8 km à 8,25% de pente moyenne.
De Valloire à Saint-Michel-de-Maurienne
Séjournant à Valloire, j'ai d'abord dû me rendre à Saint-Michel, ce que j'ai fait sur mon vélo. J'ai donc commencé par me rendre au Col du Télégraphe (1566 m). Comme indiqué ci-dessus, depuis Valloire, il faut compter un peu moins de 5 km à 3,5% de pente moyenne.
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Premier passage au Col du Télégraphe (1566 m) |
En chemin, je franchis sans difficulté un premier col, nommé… "le Col". Le terme semble désigner un hameau, mais c'est aussi un col géographique, dûment reconnu par le Club des Cent Cols.
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Le Col (1530 m) |
Tout au début de la descente, j'aperçois la vallée de la Maurienne où coule l'Arc, l'affluent de l'Isère qui arrose Saint-Michel-de-Maurienne. C'est là que je dois me rendre pour pouvoir effectuer l'ascension complète "Télégraphe + Galibier". Je m'offre donc 856 m de dénivelé négatif… que je n'aurai plus qu'à remonter une fois arrivé en bas!
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Non loin du Col du Télégraphe, vue sur la vallée de la Maurienne |
Au cours de ma descente, je suis impressionné par une masse rocheuse dominant la vallée de la Maurienne, entre Saint-Jean et Saint-Michel. Selon un autochtone que j'ai interrogé, il s'agit des "Mamelles de Beaune" (Beaune étant un village blotti sur ses flancs). D'autres sources parlent de la "Croix des Têtes"…
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Les Mamelles de Beaune |
J'ai maintenant atteint Saint-Michel et je m'attarde un peu sur le pont qui franchit l'Arc. J'ai des envies de photos…
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L'Arc, à Saint-Michel-de-Maurienne |
Au cours de la descente, je me suis demandé si ce n'était pas un peu présomptueux de ma part d'avoir choisi de corser la difficulté. J'aurais pu me contenter de grimper le Galibier depuis Valloire… Mais j'avais trop envie d'enchaîner les deux ascensions. Désormais, plus de place pour le doute! Direction Col du Télégraphe, à 12 km de là!
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Tout un programme! |
Bien que dominé de plus de 1000 m par son grand frère le Galibier, le Télégraphe n'est pas un "petit" col. Sa pente moyenne à 7,1% pour un dénivelé positif de 856 m en 12 km, ça ne plaisante pas. Les kilomètres, rythmés ce jour-là par les panneaux de repérage de la "Marmotte" ne défilent pas aussi vite qu'on le souhaiterait.
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Col du Télégraphe, sommet à 4 km |
Me voilà tout de même au bout de cet effort, pour un deuxième passage au Col du Télégraphe.
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Second passage au Col du Télégraphe (1566 m) |
Je choisis d'y faire ma pause "sandwich". Tout en mangeant, j'en profite pour m'instruire grâce à divers panneaux touristiques… L'histoire de Valloire ou de l'implantation du fort du Télégraphe, la création de la route et les divers passages du Tour de France… J'ai de la lecture!
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Tour de France au Col du Télégraphe en 1957 |
Il est temps de retourner à Valloire, en me laissant glisser sur 5 km.
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Valloire, vu en venant du Télégraphe |
Dans la traversée de Valloire, je franchis la Neuvachette, un des deux torrents, avec la Valloirette, qui arrosent le village.
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La Neuvachette, à Valloire |
Au cœur du village, devant un magasin de vêtements de sport, une pancarte en forme de borne marque le début de l'ascension du Galibier. C'est parti pour 18 km de montée!
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Galibier : 18 km |
Comme indiqué plus haut, la montée peut être scindée en deux parties : 10 km jusqu'au Plan Lachat puis 8 km jusqu'au sommet. Au cours du premier tronçon, on dispose d'un long replat pour se refaire la cerise, notamment dans la traversée du village des Verneys.
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Les Verneys : décorations en paille |
Hier, j'ai déjà effectué à VTT cette partie de la montée, depuis Valloire jusqu'au Plan Lachat. Ensuite, j'ai pris la piste qu'on distingue à gauche du parking pour monter au Col des Rochilles (2496 m). Outre le parking, le Plan Lachat dispose d'une auberge. C'est le point de départ de diverses randonnées pédestres.
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Plan Lachat |
En poursuivant mon ascension vers le galibier, je dispose d'une vue superbe sur les prairies du Plan Lachat, ainsi que sur la piste que j'ai remontée hier à VTT. Au fond, en plein centre, on devine le Col des Rochilles, voisinant avec le Pic de la Ceinture et la Pointe des Cerces.
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Entre Plan Lachat et Rochilles |
Passé le Plan Lachat, il n'y a plus guère de replat pour souffler. Sur près de 8 km, la pente se maintient entre 7,5 et 9%. Du coup, j'éprouve le besoin d'effectuer une halte à 5 km du sommet, histoire de m'alimenter et de boire tranquillement.
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Galibier à 5 km |
Par la suite, plusieurs repères rythment les kilomètres. D'abord Les Granges, à 4 km du sommet. Je m'y arrêterai en redescendant pour boire un coup!
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Les Granges : Galibier à 4 km |
Ensuite, dans un virage, le Collet du Plan Nicolas (2406 m), à 3 km du sommet. C'est un col sans panneau, mais reconnu par le Club des Cent Cols.
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Le Collet du Plan Nicolas (2406 m) |
Il a bien le profil d'un col si l'on considère la piste qui part du col et permet de basculer d'abord au sud puis vers l'ouest, en direction dudit Plan Nicolas (non visible sur la photo).
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Le Collet du Plan Nicolas
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Après ma halte "photos" au Collet du Plan Nicolas, je reprends l'ascension et j'atteins bientôt la pancarte de la "Marmotte" qui signale le sommet à 2 km. Le Col du Galibier, au centre de la photo, est en point de mire.
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Galibier à 2 km |
Une précision étymologique : le Col du Galibier doit son nom aux sommets qui l'entourent. Le mot "galibier" signifie probablement "hauteur pierreuse". Sur les cartes, on repère à l'est du col un Grand Galibier (3228 m) et un Petit Galibier (2765 m), ainsi qu'une crête du Galibier. À l'opposé, on trouve un Petit Galibier "ouest" (2826 m). Ce pourrait être ce dernier qu'on aperçoit sur la photo ci-dessus, à droite du col.
C'est bientôt l'entrée du tunnel, aujourd'hui fermé. Il ne me reste plus qu'un kilomètre à gravir, mais à 9% de pente moyenne.
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Entrée du tunnel du Galibier
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À l'approche du col, je distingue en contrebas la route d'accès au tunnel. Je me rends compte à quel point j'ai pris de la hauteur en à peine 1 km!
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Entrée du tunnel du Galibier |
Enfin, le col est là! Pour y parvenir, j'ai déjà parcouru 52 km, dont 17 pour me rendre à Saint-Michel-de-Maurienne. 35 km d'ascension au total, pour près de 2300 m de dénivelé positif… Le plus dur est fait. Il me reste juste 18 km de descente pour retourner à Valloire.
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Col du Galibier (2642 m) |
Comme on le voit sur les panneaux ci-dessus, le Col du Galibier marque aujourd'hui la limite entre le département de la Savoie (73), en région Auvergne-Rhône-Alpes, et celui des Hautes-Alpes (05) qui appartient à la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Il relie ainsi, du nord au sud, la vallée de la Valloirette à celle de la Guisane.
Auparavant, ce col a longtemps marqué la frontière entre les États de Savoie au nord (du côté de Valloire) et le Royaume de France au sud (versant Briançon). Il en reste une trace visible au dessus du panneau du col : une borne frontière portant le n° 91. Sur sa face sud figure une fleur de lys, symbole de la monarchie française. La face opposée porte une croix de Savoie.
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Borne frontière n° 91 au Col du Galibier
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Mes impressions au sommet sont mitigées. Je ressens une immense satisfaction bien sûr, mais celle-ci est légèrement tempérée par des embouteillages "monstres" auxquels je ne m'attendais pas.
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Col du Galibier encombré |
Finalement, quand je vois deux voitures qui se bloquent mutuellement, l'une voulant entrer sur le parking, l'autre désirant en sortir, je préfère en sourire. À vélo, on se rit des bouchons du Galibier!!!
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Col du Galibier encombré (bis) |
Je préfère me régaler les yeux face au décor… Côté sud, j'aperçois en contrebas le refuge du Galibier et je distingue la stèle Henri Desgrange. À ce propos, voir quelques infos sur le
Souvenir Henri-Desgrange.
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Col du Galibier : panorama versant sud |
Au début de la descente, je m'arrête prendre quelques dernières photos… Ces paysages de haute montagne, je ne m'en lasse pas.
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Panorama vers les Rochilles et la Pointe des Cerces |
Puis je rentre à Valloire. Mission accomplie.
Claude
Photos personnelles, sauf mention contraire
LIENS :
→ Le tracé n'a pas toujours été celui qu'il est aujourd'hui. Pour en savoir plus, voir "Mémoire du cyclisme":
dossier Galibier
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