samedi 28 mars 2015

BREVET AUDAX 200 KM, À LONGPERRIER

Un temps pourri?...

Les quelques quarante participants de ce Brevet Audax 200 km de Longperrier ont bouffé de la pluie et du vent pendant près de 6 h.

Longperrier, 6h39 : ambiance humide
Après 120 km, le parcours nous ramenait à Longperrier pour y prendre le repas.

Repas à Longperrier (photo Patrick A.)
Certains, qui étaient venus en voisins de Dammartin-en-Goële, ont profité de ce circuit "en 8" pour jeter l'éponge (une éponge bien imbibée!) et rentrer prématurément à la maison, non sans avoir déjeuné en notre compagnie. Une jeune femme m'a avoué en souriant que c'était la première fois qu'elle effectuait 120 km et que ça lui suffisait. L'autre féminine présente a elle aussi renoncé, ses freins l'ayant lâchement abandonnée, dans l'ultime descente de la matinée, à 500 m du resto... Incapable de s'arrêter au feu rouge, elle a évité de justesse une voiture qui traversait. Elle en a été quitte pour une grosse frayeur mais les enquêteurs semblent écarter la thèse d'un nouvel acte terroriste à Dammartin-en-Goële...
Il y eut par ailleurs quelques autres défections dont je n'ai pas fait le décompte.

Pour les motivés, de l'ordre d'une trentaine, le parcours se poursuivit donc l'après-midi, sans pluie. Au cours de cette deuxième boucle, longue de 80 km, le vent a réussi à balayer le ciel et nous avons pu entrapercevoir quelques échantillons de soleil. Ainsi, vers 18h30, nous avons terminé ce brevet parfaitement secs... et bien aérés!... Que demander de plus?...

... Ou un temps pour rire?

Sur les brevets Audax, il y en a qui croient que ça ne rigole pas car une certaine discipline est de rigueur. D'ailleurs, selon ce que m'ont dit les habitués, les participants aux longues distances (300, 400, 600 et plus) respectent scrupuleusement les règles édictées par l'UAF, conditions incontournables du succès et de la sécurité du groupe : rouler par deux, ne jamais empiéter sur la moitié gauche de la chaussée, ne pas doubler le capitaine de route, etc.

Sur les "200" en revanche, il y a toujours des néophytes, dont certains s'avèrent de dangereux "rebelles"... Le comportement des trois plus "turbulents" du jour allait s'avérer très pénible... Ayant commencé par en être agacé, j'ai finalement préféré m'en amuser en compagnie de mon copain Gérard, en envisageant de décerner, à l'arrivée, un "Prix Citron". Les trois principaux nominés seront désignés ici par des surnoms amicaux pour préserver leur anonymat : Arlequin, Petit Coq et Rouge-Tomate.

Arlequin, l'homme au collant multicolore, annonça d'emblée la couleur. Son atout pour remporter le prix : doubler tout le monde à fond la caisse puis ralentir tout en restant bien à gauche et se laisser dépasser par la droite... En toute insécurité! L'esprit frondeur, faisant mine de ne pas savoir qui était le capitaine de route, il s'est tout de même un peu assagi dans l'après-midi et, malgré son K-Way rose bonbon, a fini par passer presque inaperçu. Médaille de bronze...

Petit Coq, lui, souhaitait qu'on n'ignore pas sa pointe de vitesse en côte. Sa fierté : doubler et distancer le capitaine de route, faire accélérer l'allure au moment où il fallait ralentir, et faire ainsi exploser le peloton... Médaille d'argent. Longtemps en course pour le titre, il a été coiffé au poteau par...

... le vainqueur, qui est : Rouge-Tomate! Je me demande si je n'aurais pas dû le surnommer plutôt Andréas tant il m'a semblé suicidaire. Distancé au moindre faux-plat montant, son visage congestionné prenait la même teinte cramoisie que son imper, d'où le surnom... Hésitant entre la gauche et la droite (veille d'élection oblige?), il nous obligeait à le doubler un peu en catastrophe (le mot n'est pas trop fort!). Une fois terminée la zone qui l'avait mis en difficulté, il faisait l'effort pour retrouver une place vers l'avant du peloton, en faisant des queues de poisson pour s'immiscer entre ses petits camarades. Autant dire qu'il a passé sa journée à faire l'élastique et à jouer au yoyo avec sa fréquence cardiaque. Une façon comme une autre de se rappeler les jeux de son enfance.

Sur la fin du parcours, alors qu'il était pour le énième fois en train de remonter le peloton, avec Petit Coq calé dans sa roue — à ce moment-là, il n'avait pas encore dit son dernier mot! —, tous deux bien enracinés sur la chaussée de gauche, il a frôlé à la fois le suicide et une voiture qui venait en face. Sachant qu'en cas de choc frontal, ils auraient été projetés sur le reste du peloton façon boule de bowling, je préfère ne pas penser au strike que ça aurait pu faire...

Je n'ai pas pu m'empêcher de leur dire, avec une bienveillance toute paternelle : « Il va falloir arrêter les conneries, tous les deux! ». Petit Coq est monté sur ses ergots et s'est défendu bec et ongles! A l'entendre, c'est moi qui avais mauvais esprit. Ben voyons!

Que ces messieurs se mettent en danger, qu'ils aillent même se faire tuer si ça les chante, ça m'est bien égal... Mais pas quand je suis dans les parages. Vous imaginez les conséquences d'un crash au sein du peloton? La visite de François Hollande et de Bernard Cazeneuve venus apaiser les familles endeuillées, la mise en place d'une cellule psychologique pour réconforter les témoins de l'accident... C'est un coup à rentrer à pas d'heure et à rater Le plus grand cabaret du monde!

L'élastique de Rouge-Tomate ayant fini par casser, le capitaine de route a alors observé une halte imprévue pour lui permettre de rejoindre le groupe et de finir dans le peloton. Quand il nous a rejoints, il n'a rien trouvé de mieux que de houspiller Petit Coq sous prétexte que ce dernier ne l'avait pas attendu! S'il restait le moindre doute, celui-ci a été instantanément balayé! Médaille d'or incontestable...

En attendant Rouge-Tomate...

Passer du bon temps en dépit du mauvais temps!

Ces anecdotes quelque peu terrifiantes — ça fait froid dans le dos, hein?! — ne doivent pas laisser croire qu'on vit dans l'angoisse perpétuelle au sein d'un peloton Audax. On se livre à de multiples conversations. Ainsi, les kilomètres défilent plus vite et on découvre des gens étonnants, au passé sportif d'une richesse souvent exceptionnelle. Aperçu...

J'ai bavardé par exemple avec un ancien marathonien, ayant commencé le vélo en septembre dernier. À l'occasion de cet Audax, il a pulvérisé son record de distance sur un vélo, passant de 80 km pour son précédent record à 200 km! Même pas peur! Ce qui l'a le plus impressionné à l'occasion de cette expérience? Le plaisir de découvrir autant de paysages... Prometteur, le garçon!

J'ai été content de revoir Daniel, de Château-Thierry, un habitué de l'Euro PN. Il m'a parlé de ses 3 Paris-Brest-Paris, de ses 7 diagonales, entre autres!... Et de ses projets... Je n'en fais pas la liste, qui est plus qu'impressionnante! Le week-end prochain, par exemple, ce sera sa 18e Flèche Vélocio. Pour cette édition, 520 km à parcourir en 24 heures, en compagnie d'Olivier. Rien que ça!

Son copain Olivier, avec qui j'ai également partagé deux Euro PN, prépare quant à lui, outre ladite Flèche Vélocio, le prochain Paris-Brest-Paris. Il m'a raconté comment, en 2011, il avait dû renoncer pour raisons de santé, après avoir réussi tous les brevets qualificatifs. Cette fois-ci, il compte bien aller jusqu'au bout... en compagnie de Daniel.

Eric, plus connu sous le sobriquet de Bob (qu'il n'apprécie guère), également familier de l'Euro PN, est l'un des participants du Paris-Pékin 2008. Il m'a avoué qu'il n'avait pas trop la forme en ce début de saison, même si, il y a 10 jours, le Brevet Audax 300 km auquel il a participé s'était plutôt bien passé. Je le crois d'autant plus volontiers qu'il a dû renoncer sur le final et a terminé dans la voiture. Pas si facile un 200 Audax quand on n'est pas en forme.

J'ai aussi beaucoup parlé avec mon copain Gérard, aigle d'or dans toutes les disciplines Audax, aimant particulièrement le ski de fond, également amateur de régates en équipage et d'œnologie. Il m'a parlé de son Brevet des Cimes Françaises, et notamment d'un Luchon-Bayonne d'anthologie... Nous partageons un goût pour des pratiques variées, mais je suis un tout petit joueur à côté de lui! Un de ses prochains projets : un 300 km Audax du côté de Madrid...

Avec Jean-Michel, vice-président de l'UAF, nous avons parlé de ses 4 Paris-Brest-Paris, dont deux en randonneur et deux en Audax. Quand je lui ai demandé ce qui était le plus dur entre un PBP Audax et un PBP Randonneur, la réponse m'a scotché : « Ni l'un ni l'autre. » Et il est évident qu'il a dit cela en toute sincérité, sans la moindre forfanterie. Jean-Michel, c'est du solide!

J'ai également eu le plaisir de faire la connaissance de Marc, un ami de Jean-Michel. Ancien du club de Montastruc, dans le sud-ouest, et amoureux de cette région, c'est un grand amateur de cyclo-montagnardes, de routes vallonnées et de voyage à vélo en autonomie.

Bref, au sein de ce peloton Audax, on a passé 12 heures ensemble, dont 9 heures à pédaler, on a pris la flotte, on a affronté le vent, mais on ne s'est pas ennuyé une seconde...

Marc, Jean-Michel et Monique, au ravitaillement d'Apremont
Pour conclure, il me reste à remercier Charly, l'organisateur, et à décerner le "Prix Orange" à son épouse Monique qui a consacré sa journée à nous chouchouter, à nous préparer des ravitaillements aux petits oignons... ou plus exactement aux petits pains au chocolat, à nous distribuer nos cartons homologués, etc.

MERCI MONIQUE! MERCI CHARLY!

Claude
Photos personnelles (sauf mention contraire)


4 commentaires:

  1. Claude-Alain,
    Tu as tout dit et tu l'as bien écrit.
    Nous n'avons pas eu l'occasion de parler ensemble, un autre fois sûrement ici ou là.
    Alain MASSON du VC Vernon (27)
    Marcheur-Nageur-Cyclo-Sieur

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    1. Merci Alain pour ce commentaire. Au plaisir de faire connaissance sur une prochaine organisation, Audax ou autre.

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  2. ahah j'adore cet article, surtout ton podium des championnats du monde des cyclos branquignoles ! Moi qui n'aime pas rouler en peloton à allure et sur des parcours imposé, je ne suis pas près de faire un BRM !

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    1. Merci pour ce commentaire! (Eh eh eh!) Pour ton information, il ne s'agissait pas d'un BRM mais d'un Brevet Audax. Sur un BRM, tu n'es pas obligé de rouler en peloton.

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