mardi 4 février 2014

PREMIÈRE COURSE À MONTGERON, MARS 1973

En 1972 (j'avais 17 ans), j'ai enfin obtenu de mes parents l'autorisation de m'inscrire dans un club de la Fédération Française de Cyclisme (FFC). Le club partenaire du lycée où j'étais scolarisé était le Vélo Club de Paris... C'est ainsi que je me suis retrouvé portant les couleurs de ce club, sponsorisé par une marque de... cigarettes : Française Menthol ! Authentique!

Avant de m'aligner sur ma première épreuve, il m'a fallu acheter un vélo de course. Mon père exigea que je travaille pour me le payer. Toute la paye de mon premier petit boulot y est passée : 1000 francs! En francs constants, ça équivaudrait à 150 € aujourd'hui, mais en valeur réelle, c'était naturellement beaucoup plus!

Pour gagner ces 1000 francs, j'avais été pompiste durant un mois, en juillet 1972! C'était l'époque où les clients des stations services ne faisaient pas le plein eux-mêmes : le pompiste s'en occupait! En général, pendant que le réservoir se remplissait, on nettoyait le pare-brise, ce qui justifiait un petit pourboire... Dans mon cas, ce n'était pas "pour boire" mais "pour pédaler"!...

Suivant les conseils du club, j'avais acheté mon vélo chez leur vélociste associé... Ce fut donc un vélo de la marque "Charlot"... Je ne plaisante pas!

Le sourire avant le départ

Une fois le vélo acheté, il restait à m'entraîner. Tous les dimanches de l'hiver 1972-1973, je me suis présenté au rendez-vous matinal du Petit-Clamart, à 12 km d'échauffement depuis ma résidence à Chevilly-Larue (94)... Ce qui m'obligeait à me lever beaucoup plus tôt que durant la semaine.

On partait en général en direction du Christ de Saclay puis de la Vallée de Chevreuse... Ensuite, je serais bien incapable de me souvenir des parcours, mais je n'ai pas oublié les principales côtes : Châteaufort, les 17 Tournants, Port Royal... Et on finissait le plus souvent par la Côte de l'Homme Mort, à Jouy-en-Josas, avant de rejoindre Vélizy puis de nouveau le Petit-Clamart.

Les autres côtes que nous empruntions, je n'en connaissais pas les noms... alors je ne suis plus en mesure de les citer ni de les situer.
On faisait une centaine de kilomètres en Vallée de Chevreuse, auxquels il me fallait ajouter le trajet aller retour pour me rendre au Petit-Clamart : + 24 km. Comme il y avait parmi nous des "1ère caté", il y avait des moments où ça roulait très fort, de sorte que moi, junior et débutant, j'étais régulièrement décroché. Mais ensuite, les costauds se débrouillaient pour laisser revenir les attardés, ou bien l'entraîneur qui suivait en voiture nous faisait prendre un petit raccourci, et l'on rentrait tous ensemble.

Cet entraînement me permit de me présenter en bonne condition au départ de ma première course, début mars, à Montgeron (Essonne). Mais je n'avais pas encore intégré toutes les règles. Je me suis par exemple fait remonter les bretelles parce que j'avais mis des chaussettes montantes de couleur marron (horreur!) qui me couvraient les mollets (visibles sur la photo ci-dessous) alors que j'aurais dû porter des socquettes blanches. Un crime!

Pas de socquettes!

Pour la course elle-même, il s'agissait de ce qu'on appelait un tourniquet : un petit circuit en ville de 3 à 4 km à parcourir autant de fois que nécessaire pour atteindre au final les 80 km. Une règle particulière à ce genre d'épreuve : tout coureur distancé qui se faisait rattraper par le peloton était mis hors course.
La difficulté de ces circuits en ville, c'est qu'il y a beaucoup de virages à angle droit. Conséquence : à chaque fois, les premiers passent pratiquement sans ralentir, tandis que plus on est loin de la tête, plus on ralentit. Après chaque virage, on est quasiment obligé de faire un petit sprint pour recoller. C'est ce qui s'appelle "faire l'accordéon".

Le nez dans le guidon!

Ce jour-là, j'ai joué de l'accordéon pendant une heure, au cours de laquelle, nous avons parcouru 40 km (40 km/h de moyenne, ce n'est pas si mal). Puis j'ai explosé. Espérant aller au bout de cette première course, j'ai donné le maximum. Mais en général, les coureurs largués ne cherchent pas à s'organiser pour limiter la casse. On roule juste comme on peut de façon à retarder l'échéance... Contre un peloton organisé, on n'a aucune chance. Et ce qui devait arriver arriva : au soixantième kilomètre, j'ai été rattrapé par le peloton et j'ai été éliminé.

Ainsi s'est terminée ma première course... A noter qu'en cas d'élimination ou d'abandon, on gardait le dossard, alors qu'à l'arrivée, il nous était arraché pour établir le classement… Je ne me souviens plus si ce dossard est celui que je portais ce jour-là où lors d'une autre élimination…

Dossard 73, en 1973! (numérisation personnelle)

Ce qui m'a remis tout cela en mémoire, c'est que dimanche dernier (2 février 2014), au cours du rallye L'Hivernale de Satory, nous sommes passés au Christ de Saclay, aux 17 Tournants, à la Côte de Port-Royal... Des lieux que je fréquentais très régulièrement à l'entraînement, sur mon vélo Charlot, il y a plus de 40 ans... Ça m'a rappelé de bien beaux souvenirs!…

Claude
Photos prises par mon père, sauf mention contraire

Bonus : Vélo et Cigarette!

J'ai retrouvé sur Internet une photo de la même année, 1973. On y voit mieux le maillot que je portais! Il s'agit ici de l'équipe première du V.C. PARIS au circuit de la Beauce et du Perche, en juin 1973.

1973 : V.C. PARIS, sponsorisé par Française Menthol (photo Internet)

Détail amusant, l'année suivante, changement de sponsor, mais pas de couleurs, et toujours des cigarettes : “Gauloises Longues”. Sur la photo ci-dessous, il s'agit du Prix de Châteaufort 1974.
Je serais curieux d'en savoir plus sur la petite histoire du sponsoring d'équipes cyclistes par des fabricants de tabac…

1974 : V.C. PARIS, sponsorisé par Gauloises Longues (photo Internet)

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