Sousceyrac, commune lotoise située aux portes du Cantal, est choisie comme point de départ et d'arrivée de notre boucle cycliste. En 1931, cette bourgade et plus précisément son auberge de campagne ont connu leur heure de gloire lorsque l'écrivain Pierre Benoit choisit ce lieu comme cadre de son roman "Le déjeuner de Sousceyrac".
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Auberge : Le Déjeuner de Sousceyrac (photo Michel P.) |
Le restaurant étoilé est toujours là et je recommande cette table, qui a inspiré un roman, ainsi que la carte des menus à notre ami Michel B., le fin gourmet du groupe ! Dans le roman, le menu est rabelaisien : foie de canard et saladier d'écrevisses, puis truites et cèpes farcis, civet de lièvre et poulet, etc.
Ne rêvons pas, nous ne nous sommes pas inscrits pour une randonnée gourmande mais bien pour une cyclo qui s'avèrera au final très sportive !
Il est un peu plus de neuf heures lorsque nous mettons le cap sur le département voisin, le Cantal et c'est devant l'école de Saint-Saury que le groupe se reforme après la première grimpette d'échauffement de la journée. Guy s'étonne d'avoir passé le Mémorial de la Résistance de la Luzette sans même s'en apercevoir. C'est ça "avoir le nez dans le guidon"! Par contre, il nous est impossible de passer à côté du Roc Rôti sans le voir. Cet ensemble mégalithique remarquable, en forme de menhir, se dresse au bord de notre route.
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Le mémorial de la Luzette (photo Michel P.) |
Un peu plus loin, la chapelle du Bourniou et la source miraculeuse Saint Géraud, gardées par un troupeau de vaches, des Salers, sont une halte obligée entre Saint-Saury et Roumégoux. "Bourniou", en occitan, désigne une "ruche-tronc", utilisée par les apiculteurs au temps de nos ancêtres. Une ruche façonnée dans un tronc de châtaignier évidé sur lequel on posait une pierre plate, la lauze.
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La Chapelle-du-Bourniou (photo Michel P.) |
Nous poursuivons notre pèlerinage vers la ville du Rouget dont le centre est animé en ce dimanche matin par le marché, précieux élément de la vie dominicale locale. Claude voudrait bien aller voir l'église Sainte-Thérèse à l'architecture moderne et aux vitraux contemporains, mais le petit groupe file déjà vers Saint-Mamet-la-Salvetat. Pas le temps de musarder ! Claude se consolera avec une photo trouvée sur Internet…
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Le Rouget : Église Sainte Thérèse (photo Internet) |
Saint-Mamet-la-Salvetat, site BCN-BPF de la FFVélo, est un joli bourg aux maisons en granit recouvertes par des toits de lauze.
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Saint-Mamet-la-Salvetat (photo Claude) |
Nombre de mes ascendants paternels ont vécu sur le territoire de cette commune et plus précisément près du village de La Salvetat. C'est dans l'église de ce village qu'en 1768, mon ancêtre Antoine Vernier, scieur de bois fraîchement débarqué de son Aveyron natal, est venu chercher une épouse.
Les chasseurs de cols sont bien renseignés sur l'existence d'un passage entre Saint-Mamet et Vitrac. Ce passage se nomme "Pas du Péage". Ils suggèrent donc au reste du groupe une variante par rapport au trajet initialement prévu pour aller le franchir. La proposition est fort bien présentée : il n'y aura pas de montée supplémentaire! Celle-ci est donc convaincante et bien reçue par l'ensemble de l'équipe qui ne rechigne pas à les accompagner.
Hameau d'Uzolet : direction "Pas du Péage" (photo Claude) |
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Pas du Péage, alt. 685m (Photo Marie-Ange) |
Grange restaurée, aperçue pendant la descente vers Vitrac (Photo Claude) |
À Vitrac, nous voici en plein territoire naturel de la Châtaigneraie cantalienne. Cette région doit son nom au châtaignier, "l'arbre à pain" ou encore "l'arbre nourricier" car c'est lui qui garantissait la survie de familles entières pendant les périodes de maigres récoltes, d'extrême pauvreté et de famine. La petite commune tranquille offre à nos regards un certain nombre d'œuvres en trompe l'œil.
Entre Vitrac et Boisset, nous empruntons les belles petites routes de traverse, comme nous les aimons, éloignées des sentiers battus, dans une nature intime, discrète, en marge des circuits touristiques. Le calme règne dans les gorges de la Rance. Nous sommes peinards sur cette petite route "partagée" qui suit le cours sinueux de la rivière. Nous ne slalomons pas pour éviter les trous sur la route car il n'y en a point. Le revêtement est superbe. Nous zigzaguons pour éviter d'engager nos roues sur les boules épineuses tombées sur la route. Ici, les bogues sont de la taille XXL. Et malgré toutes ces enveloppes hérissées de piquants, malgré l'humidité ambiante, nous ne subirons aucune crevaison.
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Vallée de la Rance (photo Michel P.) |
Nous quittons l'agréable vélo-route qui longe la Rance pour nous hisser jusqu'à Bonnemayoux.
Bonnemayoux (photo Claude) |
Nous redescendons ensuite à Boisset. Je retrouve le berceau de mes ancêtres maternels, une terre à la croisée de mes chemins de vie, un village qui m'accueille aujourd'hui, pour un instant, malgré mes longues absences. Je n'étais pas revenue ici depuis une vingtaine d'années au moins. Le camping et la piscine municipale où j'avais l'habitude, durant la saison estivale, de retrouver mes copains de vacances sont toujours là et c'est justement à cet emplacement que nous décidons de faire notre pause pique-nique.
Dès la sortie de Boisset, après le franchissement du pont sur le Moulègre, la route commence à monter. La tentation est grande de faire le détour par La Viguerie, lieu-dit où naquit ma grand-mère. Mais je ne peux abandonner mes compagnons de route. A la gare de Boisset, je n'ai d'autre choix que de prendre avec eux la direction de Cayrols. Nous marquons un arrêt à Pradeyrols afin de reprendre notre souffle. Quelques gouttes intermittentes mais annonciatrices de précipitations, viennent contrarier notre balade. Un coup, c'est soleil, un coup, c'est nuage, un coup, c'est pluie. Du coup, nous bâchons et débâchons et rebâchons encore... Il faut rallier Cayrols à temps !
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Tous aux abris! (bis) (photo Michel P.) |
Sitôt l'éclaircie en vue, nous reprenons notre périple parmi prairies et les cultures. À Parlan, Michel P. et Guy ne semblent pas d'accord sur la route à prendre. Comment parvenir jusqu'à Labastide-du-Haut-Mont ? Après quelques hésitations et retour sur nos pas, nous nous enfonçons dans les bois sur une petite route qui n'en finit pas de grimper. Une chasse est en cours. Rolande et moi nous adressons à un chasseur afin de nous rassurer. Sommes-nous sur le bon chemin qui mène au point culminant du Lot ? Il nous encourage effectivement à continuer mais en souriant lorsque nous lui demandons si cela monte encore longtemps. « Une descente jusqu'au ruisseau mais ensuite ce sera la surprise ! Je ne vous en dis pas plus ! » Nous avons compris...
Grrr ! Les surprises de Michel P. !
Nous laissons le Cantal derrière nous pour retrouver le département du Lot et son plus haut village, Labastide-du-Haut-Mont se situant à 783 m d'altitude, 788 m pour la table d'orientation. Et qui dit "table d'orientation", dit "panorama"…
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Labastide-du-Haut-Mont (photo Michel P.) |
La table d'orientation semble passionner nos cyclotouristes…
Labastide-du-Haut-Mont (photo Claude) |
Ainsi, tous les participants ont eu le temps de retrouver souffle et sourire pour la photo finale !
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Labastide-du-Haut-Mont (photo Michel P.) |
Au cours de cette pause, Pierre me signale que Labastide-du-Haut-Mont est un point incontournable pour celles et ceux qui s'inscrivent sur la randonnée permanente de "L'Étoile quercynoise" (label n°160). Merci à l'organisateur de bien stipuler sur la fiche d'inscription que les petits braquets sont indispensables !
Labastide-du-Haut-Mont (photo Claude) |
Un coup d'œil à l'église avant de quitter Labastide-du-Haut-Mont. Après tous les efforts consentis (environ 1250 m de D+ en 75 km!), le retour à Sousceyrac par Asfaux et les petites routes rurales nous semble presque facile.
Tout au long de cette magnifique sortie, mes souvenirs se sont bousculés, tellement ils sont nombreux dans ce petit coin du Cantal qui résonne toujours aussi fort dans mon cœur.
Texte de Marie-Ange
Photos de Claude ou de Michel P., sauf mention contraire