Saint-Germain-en-Laye, 12 septembre 2010 (photo François F.) |
La préparation
En juillet, je me suis contenté de faire du VTT à faible allure sur de faibles distances, en évitant de rester plus de deux jours sans rouler, histoire de laisser mon organisme fatigué se reposer, sans pour autant se ramollir.
En août, j'ai augmenté progressivement les distances et le rythme, puis je suis passé au vélo de route en accumulant les heures de selle, mais en essayant de ne pas trop en faire, afin de ne pas arriver fatigué au départ de “Levallois – Honfleur”.
Parallèlement, j'ai compris grâce à de nombreux conseils que la préparation purement physique ne suffit pas. Pour affronter des efforts de longue durée, a fortiori lorsqu'on les répète sur plusieurs jours, l'alimentation et l'hydratation, avant, pendant et après l'effort sont essentielles. J'ai donc testé gâteaux adaptés et boissons diverses, et préparé tout ce qu'il me fallait en vue de mon “doublé”.
Haute tension!
À l'approche de l'épreuve, la tension a commencé à monter. Échaudé par diverses expériences personnelles plus ou moins cuisantes, je redoutais la pluie, je redoutais que l'allure du groupe ne soit trop rapide pour moi, je redoutais les crampes ou les douleurs intempestives qui m'auraient contraint à l'abandon, je redoutais de ne pas être assez bien préparé... Bref, j'avais la pétoche !
En même temps, d'autres expériences réussies et d'excellents souvenirs de grands moments de vélo me prouvaient que je pouvais le faire, impression confirmée notamment par les témoignages de confiance de plusieurs copains du club, notamment Yves B. et Guy B.
Arrivée à Honfleur, 11 septembre 2010 : moment de complicité avec Yves |
Un autre élément me rassurait, la présence annoncée, en différents points de notre parcours de retour, de notre “voiture-balai” personnelle, pilotée par notre “balayeuse” en chef, j'ai nommé “Marie-Ange” ! Je savais donc qu'en cas de grosse défaillance, je pourrais toujours opter pour le rapatriement motorisé... Mais, ça m'aurait franchement dépité d'avoir à y recourir !…
1ère partie : Levallois - Honfleur
Samedi 11 septembre 2010
Au départ de Levallois, en ce samedi matin, je me sentais bien, mais sans excès de confiance. Un premier incident m'incitait à la prudence et à la vigilance : l'oubli dans le réfrigérateur de mon bidon préparé la veille avec des produits “ad hoc”. Heureusement, j'avais dans mon sac, un deuxième bidon, dans lequel j'avais préparé à l'avance ma poudre magique pour le retour. J'ai décidé de l'utiliser pour l'aller... Je verrais plus tard quelle solution trouver pour le retour !
Yves B. nous ayant donné nos cartes de pointages et nos plaques, nous sommes partis fendre la nuit et pourfendre je ne sais combien de feux rouges qui se dressaient sur notre chemin, tels des sémaphores maléfiques. Nous les avons grillés sans pitié, à une vitesse que je trouvais déjà plus que soutenue... Je me suis dit : « Tel que c'est parti, je serai déjà cuit avant d'arriver en haut de la côte de Suresnes ! »
Mon ascension m'a rassuré car je suis arrivé en haut à portée de vue de Guy B., Guy L. et de JPB, des références lorsque la route monte, devançant notre poisson pilote Yves B. En fait, je pense que ce démarrage un peu “dynamique” a eu le mérite de nous mettre tout de suite dans l'allure. Il ne restait plus qu'à tenir le rythme…
La suite de cette journée m'aura vu plutôt “en jambes”, roulant sur la première partie du parcours et jusqu'au repas, vers le 120e kilomètre, à une moyenne dont je ne me croyais pas capable, entre 28 et 29 km/h. Plus exactement, ce dont je ne me croyais pas capable, c'est de rouler à cette vitesse-là et de conserver encore assez des jambes pour continuer à pédaler ensuite sur une centaine de kilomètres. Puis de remettre le “couvert” le lendemain !...
Mes jambes, pour être honnête, elles m'ont trahi à deux reprises sur le final de “Levallois – Honfleur”. Incapable de suivre le rythme du métronome (Yves B.), j'ai bien cru que j'allais finir façon “limace” à me traîner lamentablement jusqu'à Honfleur. Quand je pense que l'expression “ventre à terre” évoque la vitesse ! Tous les escargots vous diront que c'est des conneries !
Chaque fois que j'ai coincé, j'ai accepté la défaillance (qui s'avéra passagère) sans chercher à m'accrocher coûte que coûte. Puis au moment où je recommençais à me sentir bien, j'ai eu la chance d'être doublé par des gars dont j'ai pu prendre les roues et qui m'ont ramené (il fallait quand même pédaler derrière !) et j'ai pu rejoindre Yves dans les derniers kilomètres, ce qui m'a permis d'arriver à Honfleur à ses côtés.
La première partie du défi était ainsi réalisée. Mais la moyenne, autour de 27,5 km/h, me laissait redouter des lendemains douloureux pour les cuisses… Sagement, j'ai renoncé à rallier Deauville en vélo, avec les costauds. Cette quinzaine de kilomètres de pédalage supplémentaire ne faisant pas partie du défi proprement dit, j'ai pensé que je pouvais m'en dispenser sans démériter.
Après un dîner tout ce qu'il y a de plus raisonnable, en tout cas en ce qui me concerne (saumon grillé, riz et boisson non alcoolisée...), suivi d'une petite marche digestive entre Trouville et Deauville, nous avons bénéficié d'une nuit, certes un peu courte, mais d'un sommeil “du juste”. Il paraît qu'il a plu toute la nuit, mais je n'ai rien entendu.
2e partie : Deauville - Levallois, en Audax (Brevet 200 km)
Au départ de Levallois, en ce samedi matin, je me sentais bien, mais sans excès de confiance. Un premier incident m'incitait à la prudence et à la vigilance : l'oubli dans le réfrigérateur de mon bidon préparé la veille avec des produits “ad hoc”. Heureusement, j'avais dans mon sac, un deuxième bidon, dans lequel j'avais préparé à l'avance ma poudre magique pour le retour. J'ai décidé de l'utiliser pour l'aller... Je verrais plus tard quelle solution trouver pour le retour !
Yves B. nous ayant donné nos cartes de pointages et nos plaques, nous sommes partis fendre la nuit et pourfendre je ne sais combien de feux rouges qui se dressaient sur notre chemin, tels des sémaphores maléfiques. Nous les avons grillés sans pitié, à une vitesse que je trouvais déjà plus que soutenue... Je me suis dit : « Tel que c'est parti, je serai déjà cuit avant d'arriver en haut de la côte de Suresnes ! »
Mon ascension m'a rassuré car je suis arrivé en haut à portée de vue de Guy B., Guy L. et de JPB, des références lorsque la route monte, devançant notre poisson pilote Yves B. En fait, je pense que ce démarrage un peu “dynamique” a eu le mérite de nous mettre tout de suite dans l'allure. Il ne restait plus qu'à tenir le rythme…
La suite de cette journée m'aura vu plutôt “en jambes”, roulant sur la première partie du parcours et jusqu'au repas, vers le 120e kilomètre, à une moyenne dont je ne me croyais pas capable, entre 28 et 29 km/h. Plus exactement, ce dont je ne me croyais pas capable, c'est de rouler à cette vitesse-là et de conserver encore assez des jambes pour continuer à pédaler ensuite sur une centaine de kilomètres. Puis de remettre le “couvert” le lendemain !...
Mes jambes, pour être honnête, elles m'ont trahi à deux reprises sur le final de “Levallois – Honfleur”. Incapable de suivre le rythme du métronome (Yves B.), j'ai bien cru que j'allais finir façon “limace” à me traîner lamentablement jusqu'à Honfleur. Quand je pense que l'expression “ventre à terre” évoque la vitesse ! Tous les escargots vous diront que c'est des conneries !
Chaque fois que j'ai coincé, j'ai accepté la défaillance (qui s'avéra passagère) sans chercher à m'accrocher coûte que coûte. Puis au moment où je recommençais à me sentir bien, j'ai eu la chance d'être doublé par des gars dont j'ai pu prendre les roues et qui m'ont ramené (il fallait quand même pédaler derrière !) et j'ai pu rejoindre Yves dans les derniers kilomètres, ce qui m'a permis d'arriver à Honfleur à ses côtés.
Yves me précède à l'arrivée… |
La première partie du défi était ainsi réalisée. Mais la moyenne, autour de 27,5 km/h, me laissait redouter des lendemains douloureux pour les cuisses… Sagement, j'ai renoncé à rallier Deauville en vélo, avec les costauds. Cette quinzaine de kilomètres de pédalage supplémentaire ne faisant pas partie du défi proprement dit, j'ai pensé que je pouvais m'en dispenser sans démériter.
Avec Patrice : l'heure du rafraîchissement à Honfleur |
Michel , François et Jean-Pierre en profitent également |
Après un dîner tout ce qu'il y a de plus raisonnable, en tout cas en ce qui me concerne (saumon grillé, riz et boisson non alcoolisée...), suivi d'une petite marche digestive entre Trouville et Deauville, nous avons bénéficié d'une nuit, certes un peu courte, mais d'un sommeil “du juste”. Il paraît qu'il a plu toute la nuit, mais je n'ai rien entendu.
2e partie : Deauville - Levallois, en Audax (Brevet 200 km)
Dimanche 12 septembre 2010
Remonter sur le vélo pour me rendre au départ de l'Audax, sur le coup de 6h, devant la gare de Trouville-Deauville, n'a pas été aussi difficile que je le craignais. Peu de séquelles des efforts de la veille. Dos, cuisses et... “fondement” semblaient en état de faire le retour…
Gare de Trouville-Deauville, 6h du matin... |
… à l'heure du briefing |
Mon objet de préoccupation matinal concernait mon bidon rempli à l'eau claire (plus de poudre magique !), et l'absence de la moindre alimentation solide sur moi (j'avais également oublié mes barres de céréales à la maison). Mais je n'étais pas trop inquiet, comptant sur les ravitaillements pour compenser ce manque de réserves énergétiques. Grossière erreur ! J'ignorais que l'organisation des Audax, en dehors du repas de midi, ne prévoit pas de ravitaillement sur le parcours. Les organisateurs du 200 km Audax de Villecresnes (les 3V), qui font exception à cette règle, m'avaient induit involontairement en erreur !
Je fus donc surpris, à Epaignes, qu'on fasse un arrêt pipi (bienvenu), mais sans rien à boire ni à manger. Je me suis dit alors que nous aurions le ravito à l'arrêt suivant... Mais un peu plus tard, après plus de soixante-dix kilomètres sans rien avaler, j'ai commencé à sentir l'estomac qui réclamait son dû.
En attendant l'arrêt d'Harcourt, où il n'y eut pas davantage de ravito, l'ami François F. a eu la gentillesse de partager avec moi une barre de pâte d'amandes, qui calma un peu mon début de fringale. Et quand nous arrivâmes à Harcourt, excellente surprise, Marie-Ange nous attendait avec des viennoiseries... Michel W. nous offrit un coup à boire au bistrot du coin... Ouf ! Je me sentais mieux.
Michel W. à Harcourt |
Peu avant l'arrêt “repas”, à Autheuil-Authouillet, un nouveau petit souci vint me tarabuster. Je me rendis compte que j'avais du mal à rester sur ma selle dans une position naturelle et relativement confortable. En fait, quinze jours avant l'épreuve, j'avais changé de pédales automatiques et de chaussures, ayant désormais des cales encastrées... Du coup, la selle était trop haute. Je n'avais pas pensé à ce détail et les sorties d'entraînement de durée raisonnable ne m'avaient pas permis de déceler l'anomalie. Mais sur de longues distances, quelques millimètres de trop sur une hauteur de selle, cela finit par devenir gênant. Après le repas, j'ai donc bricolé sur ma selle en prenant garde à ne pas trop la descendre afin d'éviter d'autres désagréments.
Avec Guy L., à Autheuil-Authouillet |
Nous sommes bientôt repartis et, après quelques kilomètres de pédalage, j'ai oublié mon problème de position sur le vélo, preuve que le réglage était bon. Jusqu'à l'arrêt de La Roche-Guyon, je ne me souviens d'aucun souci particulier. C'est là que j'ai commencé à être quasiment sûr que j'irais au bout. À l'arrêt de Meulan, alors qu'il ne restait plus qu'une quarantaine de kilomètres, je me suis souvenu que j'avais dans mon sac à dos un tube d'un produit énergétique, que j'ai consommé. J'ai aussi fini ce qui me restait d'eau.
Dernier sujet de préoccupation sur le final, les cassures du peloton, dues aux innombrables feux qui passaient au rouge au mauvais moment. Arrêts et accélérations pour recoller se sont succédés jusqu'à l'arrivée. Pas envie de me faire larguer si près du but, et encore moins de me tromper de route et de me paumer dans cette banlieue inconnue... Dernier petit coup d'adrénaline, derniers coups de pédales rageurs prouvant que j'avais encore des jambes après plus de 400 bornes parcourues en deux jours (ce qui m'émerveillait). Et enfin les rues de Levallois où j'ai commencé à savourer…
Arrivée à Levallois-Perret |
Savourer et décompresser…
Levallois, l'heure du relâchement : avec François, Patrice et Yves |
Retour au calme… Enfin presque!
Encore sous le coup de l'excitation, je n'ai pas pu me coucher avant minuit. Il me restait suffisamment d'énergie pour ranger mes affaires et m'occuper de tout un tas de bricoles chez moi.
Vers le milieu du parcours de cet Audax, si on m'avait posé la question, j'aurais juré que c'était la première et dernière fois que je me lançais dans un tel défi sportif. La tension que m'avait demandé cette épreuve m'avait laissé un peu frustré. Frustré de ne pas avoir eu le temps de me balader à Honfleur, de ne pas avoir eu le temps d'aller voir la mer, d'avoir traversé un grand nombre de lieux superbes (Harcourt, Giverny, La Roche-Guyon...) sans prendre le temps de m'y attarder pour profiter des sites et des paysages.
La Roche-Guyon |
Et puis l'euphorie de l'arrivée m'a fait revenir sur cette conviction. Oui, je referai sans doute de longues distances, mais pas au-delà des 200 ou 250 bornes dans la journée. Et pas trop souvent car, si j'aime relever des défis, j'aime surtout me faire plaisir sur mon vélo, l'utiliser pour me promener et prendre le temps de la découverte.
Claude
Photos de Marie-Ange
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