dimanche 26 septembre 2021

AU CŒUR DE LA CHÂTAIGNERAIE CANTALIENNE, AU DÉPART DE SOUSCEYRAC (LOT), par Marie-Ange

En ce 26 septembre, l'été s'en est allé... L'automne frappe à nos portes. Afin de profiter pleinement de ce changement de saison, notre président de club, Michel P., nous propose de nous retrouver pour une sortie à la journée dans la châtaigneraie cantalienne. Il est parfaitement conscient que l'automne sied à merveille à cette région.

Malgré un ciel gris et brumeux, nous ne sommes pas moins de douze Cyclo Randonneurs du Quercy à nous engager sur cette aventure castagnaire (castanhaïre). Pour ma part, je qualifierais volontiers cette balade de "Randonnée retour aux sources", une occasion de me reconnecter à la terre de mes ancêtres et à mon histoire familiale.

Sousceyrac, commune lotoise située aux portes du Cantal, est choisie comme point de départ et d'arrivée de notre boucle cycliste. En 1931, cette bourgade et plus précisément son auberge de campagne ont connu leur heure de gloire lorsque l'écrivain Pierre Benoit choisit ce lieu comme cadre de son roman "Le déjeuner de Sousceyrac".

Auberge : Le Déjeuner de Sousceyrac (photo Michel P.)

Le restaurant étoilé est toujours là et je recommande cette table, qui a inspiré un roman, ainsi que la carte des menus à notre ami Michel B., le fin gourmet du groupe ! Dans le roman, le menu est rabelaisien : foie de canard et saladier d'écrevisses, puis truites et cèpes farcis, civet de lièvre et poulet, etc.
Ne rêvons pas, nous ne nous sommes pas inscrits pour une randonnée gourmande mais bien pour une cyclo qui s'avèrera au final très sportive !

Il est un peu plus de neuf heures lorsque nous mettons le cap sur le département voisin, le Cantal et c'est devant l'école de Saint-Saury que le groupe se reforme après la première grimpette d'échauffement de la journée. Guy s'étonne d'avoir passé le Mémorial de la Résistance de la Luzette sans même s'en apercevoir. C'est ça "avoir le nez dans le guidon"! Par contre, il nous est impossible de passer à côté du Roc Rôti sans le voir. Cet ensemble mégalithique remarquable, en forme de menhir, se dresse au bord de notre route.

Le mémorial de la Luzette (photo Michel P.)

Un peu plus loin, la chapelle du Bourniou et la source miraculeuse Saint Géraud, gardées par un troupeau de vaches, des Salers, sont une halte obligée entre Saint-Saury et Roumégoux. "Bourniou", en occitan, désigne une "ruche-tronc", utilisée par les apiculteurs au temps de nos ancêtres. Une ruche façonnée dans un tronc de châtaignier évidé sur lequel on posait une pierre plate, la lauze.

La Chapelle-du-Bourniou (photo Michel P.)

Nous poursuivons notre pèlerinage vers la ville du Rouget dont le centre est animé en ce dimanche matin par le marché, précieux élément de la vie dominicale locale. Claude voudrait bien aller voir l'église Sainte-Thérèse à l'architecture moderne et aux vitraux contemporains, mais le petit groupe file déjà vers Saint-Mamet-la-Salvetat. Pas le temps de musarder ! Claude se consolera avec une photo trouvée sur Internet…

Le Rouget : Église Sainte Thérèse (photo Internet)

Saint-Mamet-la-Salvetat, site BCN-BPF de la FFVélo, est un joli bourg aux maisons en granit recouvertes par des toits de lauze. 

Saint-Mamet-la-Salvetat (photo Claude)

Nombre de mes ascendants paternels ont vécu sur le territoire de cette commune et plus précisément près du village de La Salvetat. C'est dans l'église de ce village qu'en 1768, mon ancêtre Antoine Vernier, scieur de bois fraîchement débarqué de son Aveyron natal, est venu chercher une épouse.

Au 13ème siècle, La Salvetat était une commanderie appartenant aux chevaliers-hospitaliers de l'Ordre de Malte et le lieu s'appelait "La Sauvetat". Cette commanderie était une sorte de grosse ferme qui avait une double vocation : d'une part, accueillir les pèlerins et d'autre part, servir de péage pour le bénéfice de l'évêque du Puy. Et à la sortie de Saint-Mamet, il est justement question de péage.

Les chasseurs de cols sont bien renseignés sur l'existence d'un passage entre Saint-Mamet et Vitrac. Ce passage se nomme "Pas du Péage". Ils suggèrent donc au reste du groupe une variante par rapport au trajet initialement prévu pour aller le franchir. La proposition est fort bien présentée : il n'y aura pas de montée supplémentaire! Celle-ci est donc convaincante et bien reçue par l'ensemble de l'équipe qui ne rechigne pas à les accompagner.

Au hameau d'Uzols, nous prenons la direction d'Uzolet. Aux intersections, des panneaux de direction, "Pas du Péage", nous signalent que nous progressons sur la bonne voie. 

Hameau d'Uzolet : direction "Pas du Péage" (photo Claude)

Le fameux "col", dont l'altitude avoisine les 685 m, est localisé sans problème et sans effort superflu mais, curieusement, le panneau indique : « Pas DE Péage ! »
— Pour le coup, c’est vraiment un col gratuit !, se réjouit Michel P.

Pas du Péage, alt. 685m (Photo Marie-Ange)

La descente qui s'ensuit, vers Vitrac, se fait avec les deux mains sur les cocottes de freins. Gravir le Pas du Péage dans le sens inverse de celui par lequel nous l'avons fait ne doit pas être une simple formalité.

Grange restaurée, aperçue pendant la descente vers Vitrac (Photo Claude)

À Vitrac, nous voici en plein territoire naturel de la Châtaigneraie cantalienne. Cette région doit son nom au châtaignier, "l'arbre à pain" ou encore "l'arbre nourricier" car c'est lui qui garantissait la survie de familles entières pendant les périodes de maigres récoltes, d'extrême pauvreté et de famine. La petite commune tranquille offre à nos regards un certain nombre d'œuvres en trompe l'œil.

Vitrac, maison avec décor en trompe-l'œil (photo Claude)

Le bistrot-épicerie-restaurant de la place de l'église porte lui-même le nom de "Tromp' l'Œil". Michel P. nous demande de poser pour la photo de groupe, photo-souvenir dans un havre de paix.

Entre Vitrac et Boisset, nous empruntons les belles petites routes de traverse, comme nous les aimons, éloignées des sentiers battus, dans une nature intime, discrète, en marge des circuits touristiques. Le calme règne dans les gorges de la Rance. Nous sommes peinards sur cette petite route "partagée" qui suit le cours sinueux de la rivière. Nous ne slalomons pas pour éviter les trous sur la route car il n'y en a point. Le revêtement est superbe. Nous zigzaguons pour éviter d'engager nos roues sur les boules épineuses tombées sur la route. Ici, les bogues sont de la taille XXL. Et malgré toutes ces enveloppes hérissées de piquants, malgré l'humidité ambiante, nous ne subirons aucune crevaison.

Vallée de la Rance (photo Michel P.)

Nous quittons l'agréable vélo-route qui longe la Rance pour nous hisser jusqu'à Bonnemayoux.

Bonnemayoux (photo Claude)

Nous redescendons ensuite à Boisset. Je retrouve le berceau de mes ancêtres maternels, une terre à la croisée de mes chemins de vie, un village qui m'accueille aujourd'hui, pour un instant, malgré mes longues absences. Je n'étais pas revenue ici depuis une vingtaine d'années au moins. Le camping et la piscine municipale où j'avais l'habitude, durant la saison estivale, de retrouver mes copains de vacances sont toujours là et c'est justement à cet emplacement que nous décidons de faire notre pause pique-nique. 

Boisset : pause pique-nique (photo Michel P.)

A cette époque de ma jeune vie, j'étais bien loin d'imaginer que je reviendrai un jour à vélo dans ces mêmes lieux. Le soleil s'est invité au repas. Le temps est lourd et de gros nuages noirs passent au loin. Nous avons une petite idée de ce qui nous attend après le casse-croûte, la deuxième partie du circuit concentrant plus de difficultés en terme de montée que le chemin parcouru ce matin.

Dès la sortie de Boisset, après le franchissement du pont sur le Moulègre, la route commence à monter. La tentation est grande de faire le détour par La Viguerie, lieu-dit où naquit ma grand-mère. Mais je ne peux abandonner mes compagnons de route.  A la gare de Boisset, je n'ai d'autre choix que de prendre avec eux  la direction de Cayrols. Nous  marquons un arrêt à Pradeyrols afin de reprendre notre souffle. Quelques gouttes intermittentes mais annonciatrices de précipitations, viennent contrarier notre balade. Un coup, c'est soleil, un coup, c'est nuage, un coup, c'est pluie. Du coup, nous bâchons et débâchons et rebâchons encore... Il faut rallier Cayrols à temps !

Alors que nous espérions échapper au passage pluvieux, une belle averse, entre Cayrols et Parlan, contraint une partie du groupe à trouver refuge sous l'avancée d'un toit, et l'autre partie sous un arbre.

Tous aux abris! (photo Michel P.)

Plus question de distanciation physique ni de geste barrière ! Nous attendons patiemment que la pluie cesse, étroitement surveillés par le chien de la ferme qui se demande comment il va devoir faire pour rassembler un tel troupeau, avec de drôles de brebis égarées de chaque côté de la route !  

Tous aux abris! (bis) (photo Michel P.)

Sitôt l'éclaircie en vue, nous reprenons notre périple parmi prairies et les cultures. À Parlan, Michel P. et Guy ne semblent pas d'accord sur la route à prendre. Comment parvenir jusqu'à Labastide-du-Haut-Mont ? Après quelques hésitations et retour sur nos pas, nous nous enfonçons dans les bois sur une petite route qui n'en finit pas de grimper. Une chasse est en cours. Rolande et moi nous adressons à un chasseur afin de nous rassurer. Sommes-nous sur le bon chemin qui mène au point culminant du Lot ? Il nous encourage effectivement à continuer mais en souriant lorsque nous lui demandons si cela monte encore longtemps. « Une descente jusqu'au ruisseau mais ensuite ce sera la surprise ! Je ne vous en dis pas plus ! » Nous avons compris...

Grrr ! Les surprises de Michel P. !

Nous laissons le Cantal derrière nous pour retrouver le département du Lot et son plus haut village, Labastide-du-Haut-Mont se situant à 783 m d'altitude, 788 m pour la table d'orientation. Et qui dit "table d'orientation", dit "panorama"…

Labastide-du-Haut-Mont (photo Michel P.)

La table d'orientation semble passionner nos cyclotouristes…

Labastide-du-Haut-Mont (photo Claude)

Que ça fait du bien de profiter du panorama sous le soleil!

Labastide-du-Haut-Mont (photo Claude)

Ainsi, tous les participants ont eu le temps de retrouver souffle et sourire pour la photo finale !

Labastide-du-Haut-Mont (photo Michel P.)

Au cours de cette pause, Pierre me signale que Labastide-du-Haut-Mont est un point incontournable pour celles et ceux qui s'inscrivent sur la randonnée permanente de "L'Étoile quercynoise" (label n°160). Merci à l'organisateur de bien stipuler sur la fiche d'inscription que les petits braquets sont indispensables !

Labastide-du-Haut-Mont (photo Claude)

Un coup d'œil à l'église avant de quitter Labastide-du-Haut-Mont. Après tous les efforts consentis (environ 1250 m de D+ en 75 km!), le retour à Sousceyrac par Asfaux et les petites routes rurales nous semble presque facile.

Tout au long de cette magnifique sortie, mes souvenirs se sont bousculés, tellement ils sont nombreux dans ce petit coin du Cantal qui résonne toujours aussi fort dans mon cœur.

Texte de Marie-Ange
Photos de Claude ou de Michel P., sauf mention contraire

lundi 13 septembre 2021

MILLE ET UN COLS : ASCENSION DU GRAND BALLON

Franchir un millième col* était mon objectif au début de la saison 2020. Confinements successifs, annulations d'organisations et de séjours ne m'ont pas permis de l'atteindre. En ce mois de septembre 2021, c'est désormais chose faite.

(*NB : On ne compte pas deux fois le même col, même si on l'a franchi à plusieurs reprises, y compris si c'était par des accès différents.)

Col du Haag : millième col 

Pour franchir ce cap mythique, j'ai choisi de gravir le Grand Ballon au départ de Cernay, dans le Haut-Rhin. Quand j'étais à l'école primaire, nous l'appelions plutôt "Ballon de Guebwiller". Nous devions retenir que c'était le point culminant des Vosges, à 1424 m d'altitude.

Pourquoi ce choix? Tout d'abord, parce que je pouvais y trouver des cols que je n'avais encore jamais franchi. Deuxième raison : parce que le Grand Ballon étant le point culminant du massif des Vosges, cela en faisait un sommet très attractif. Et enfin, parce que l'ascension depuis Cernay représentait plus de 1000 m de dénivelé positif. Plus de mille mètres pour un millième col : un joli symbole!

Profil de l'ascension du Grand Ballon, depuis Cernay

Les spécialistes de la chasse aux cols ne manqueront pas de faire remarquer que le Grand Ballon, malgré les indications figurant sur certaines bornes, n'est pas un col! Pas plus que l'Alpe d'Huez ou le Mont Ventoux d'ailleurs, qui sont pourtant des "cols mythiques" selon la terminologie du Tour de France!

Le Grand Ballon en point de mire

C'est que pour nous, membres du Club des Cents Cols, le mot "col" n'est pas synonyme de "grandes ascensions". En tout cas, pas uniquement. Nos cibles sont des passages géographiques ayant la configuration caractéristique d'un col, grosso modo une forme de selle de cheval, et ce quelle que soit l'altitude. Celle-ci peut aller, si je m'en tiens aux cols routiers en France, d'une vingtaine de mètres (col de Beaulieu, dans les Alpes Maritimes : 17 m!) à un peu moins de 2800 m pour les plus hauts, l'Iseran ou le Col Agnel dans les Alpes…
Selon ces critères, le Grand Ballon n'est donc pas un col!

Point culminant de la route sous le Grand Ballon : ce n'est pas un col!

Le choix du Grand Ballon peut dès lors sembler étrange! Mais il y a une explication : il arrive fréquemment qu'au cours d'une même ascension, on franchisse plusieurs cols géographiques. Ce fut le cas lors de cette journée mémorable. Sans quitter la route qui nous conduisait au sommet, Marie-Ange et moi avons franchi trois cols.

Le premier, le col du Herrenfluh (837 m), se situait vers le dixième kilomètre, non loin des modestes vestiges d'un château médiéval.

Col du Herrenfluh (837 m)

Le col suivant, nommé Col de Silberloch (906 m), se trouvait au douzième kilomètre, au lieu-dit "Le Vieil Armand”, francisation très approximative du nom alsacien : le Hartmannswillerkopf, éperon rocheux s'élevant à 956 m.

Le site Internet dédié à cet endroit nous apprend que « un Monument National y est érigé en souvenir des combats qui s’y déroulèrent durant le premier conflit mondial, principalement en 1915. Le Vieil Armand était alors un sommet stratégique âprement disputé par les armées française et allemande. »

Mémorial du Vieil Armand, non loin du Col de Silberloch (906 m)

Le troisième col rencontré sur le parcours était pour nous un "col fauteuil", selon un terme employé par certains centcolistes. Autrement dit : un col franchi en descente. Ça compte aussi ! Il s'agissait du Col Amic (825 m).

Col Amic (825 m)

Lorsqu'on est en vélo de route, outre les "cols fauteuils", il existe une autre astuce pour compléter nos collections de cols sans efforts démesurés : aller chercher des cols non revêtus, dit aussi "muletiers", lorsqu'ils sont situés à proximité du parcours. Au cours de l'ascension du Grand Ballon, j'en ai glané deux. Le premier, à 50 m seulement de la route, s'appelait le Col du Freundstein (860 m). Très facile à atteindre par une piste parfaitement plate et praticable.

Col du Freundstein (860 m), vu depuis la route.

Pour atteindre le second col muletier, dit "Col du Sudel" ou "Firstacker” (955 m), j'ai dû m'éloigner de la route d'une centaine de mètres, sans pour autant descendre de vélo, la piste en terre étant elle aussi parfaitement praticable.

Col du Sudel ou Firstacker (955 m)

Avec ce cinquième col franchi depuis le départ de Cernay, mon total s'élevait désormais à 999. Plus qu'un col pour "mettre dans le mille"! Mais avant d'atteindre cet objectif, je devais d'abord terminer l'ascension du Grand Ballon, toujours en compagnie de Marie-Ange…

Dernières rampes du Grand Ballon

Au sommet, nous avons pris le temps de nous restaurer en terrasse et au soleil (pour moi : quiche lorraine et tarte aux myrtilles avec crème Chantilly…)

Grand Ballon

Un dernier coup d'œil au panorama…

Panorama vers le nord du Grand Ballon

Le col suivant, le millième pour moi, n'était plus qu'une formalité : un autre "col fauteuil"… Encore fallait-il d'abord avoir réussi à grimper jusqu'au Grand Ballon avant de pouvoir se laisser glisser jusqu'au Col du Haag (1233 m).

Col du Haag (1233 m)

J'avais comme une envie de m'y attarder pour savourer l'instant…

Ferme auberge au Col du Haag

Encore un regard vers le Grand Ballon, décidément assez fascinant…

Le Grand Ballon, vu depuis le Col du Haag

La moisson de cols n'était cependant pas terminée puisque, quelques centaines de mètres plus loin, nous franchissions le Col du Moorfeld (1197 m), mon mille et unième, au prix d'une modeste remontée, suivie de quelques centaines de mètres de descente.

Col du Moorfeld (1197 m), vu en me retournant

Avant d'amorcer le gros de la descente, nous sommes passés par Le Markstein (1200 m d'altitude environ).

Le Markstein

Au bas de la descente, nous avons fait une halte à Buhl, devant une petite Tour Eiffel. Celle-ci rend hommage à Maurice Koechlin, enfant du pays, ingénieur et concepteur de la Tour Eiffel, dont le brevet a par la suite été racheté par Gustave Eiffel.

Cette halte est l'occasion de remercier Marie-Ange pour m'avoir accompagné sur cette aventure, comme sur bien d'autres auparavant… Malgré l'assistance électrique, elle n'a pas ménagé ses efforts, craignant une défaillance de la batterie… Merci aussi à elle pour les photos souvenirs!

Buhl : hommage à Maurice Koechlin (1856-1946)

À notre retour à Cernay, mon GPS indiquait environ 70 km et plus de 1300 m de dénivelé positif. Le profil de la balade est là pour confirmer que le franchissement de mon millième col s'est avéré sportif!

Profil approximatif de notre parcours

Il ne nous reste plus qu'à nous motiver pour de nouvelles aventures! Nous avons déjà quelques idées qui nous trottent dans la tête…

Claude
Photos personnelles, avec la participation de Marie-Ange

jeudi 9 septembre 2021

SÉJOUR EN ALSACE 6/6 : LE CHAMP DU FEU

Aujourd'hui, nous ne roulerons pas avec nos compagnons de route des Cyclos Randonneurs du Quercy. Chacun a reçu carte blanche pour concocter le parcours qui lui convient. Pour ma part, j'ai élaboré un programme copieux : 75 km et 1370 m de D+. Mon objectif est de franchir ainsi sept cols, dont cinq nouveaux pour ma collection personnelle. Marie-Ange bénéficiant d'une assistance “éclectique” (tantôt les jambes seules, tantôt un peu de batterie…), elle ne comptabilise plus ses cols… Mais elle est partante pour m'accompagner.

Profil du circuit prévu (source : Opentunner)

Le matin

La météo n'annonce pas de pluie. Pas avant demain, en tout cas. Forts de cette information, Marie-Ange et moi prenons sereinement le départ, depuis Stotzheim, dans la plaine d'Alsace, où se situe notre hébergement. Cap sur l'ouest, en direction des Vosges! Je ne me doute pas, à ce moment-là, que la journée va être pour moi longue et mouvementée! 

Dès que nous arrivons à Andlau, après six ou sept kilomètres de route, un petit crachin nous surprend. Nous nous arrêtons peu après pour revêtir nos vêtements de pluie et nous abriter quelques instants. L'accalmie qui suit nous permet de repartir mais dure peu de temps. Un peu avant Le Hohwald, très exactement à l'entrée du hameau de "La Vallée", la pluie devient trop pénétrante. Nous nous abritons sous un auvent. Nous n'avons fait que 14 km et un peu plus de 300 m de D+.

Dans ces conditions dégradées, Marie-Ange ne se sent pas bien. Ni pour continuer à monter, ni pour redescendre sur une chaussée devenue glissante. Il est clair qu'il vaut mieux renoncer. Je rentre seul à Stotzheim, sur un rythme soutenu. J'y laisse mon vélo et je retourne chercher Marie-Ange avec la voiture.

L'après-midi

La météo n'annonce pas de pluie (bis). Espérant qu'elle ne se trompe pas une seconde fois de la journée, je décide de repartir, avec le même programme. Mais cette fois, j'y vais seul. Marie-Ange préfère ne pas tenter le diable. Elle a bien raison!

La première ascension de mon parcours est la plus longue et de loin. J'ai prévu de grimper jusqu'au Champ du Feu, point culminant du Bas-Rhin, c'est-à-dire à 1099 m d'altitude. Depuis Saint-Pierre, dans la plaine d'Alsace, cela représente 921 m de D+ en 24,5 km.

Le Champ du Feu, profil depuis Saint-Pierre

Ayant démarré sitôt le repas terminé, je ne tarde pas à éprouver des "embarras". Je passe tout de même Andlau, puis le hameau de La Vallée où notre ascension s'est arrêtée ce matin. Je me rends compte alors que je suis trop couvert. C'est que ce matin, j'ai eu froid. Alors j'omets bêtement de prendre en compte la hausse de température qui s'est opérée depuis.

Sous mon coupe-vent, je suis maintenant trempé. Beaucoup plus que ce matin, mais cette fois, c'est de la sueur! De plus, je sens que je n'ai pas trop la pêche… Peut-être une digestion difficile? Ou parce que c'est l'heure de la sieste?

En arrivant au village du Hohwald, j'aperçois des toilettes publiques. Je suis aussi heureux que si j'avais découvert l'Eldorado! Je passe sur certains détails… et je repars après avoir bu, consommé un tube énergétique, rangé le coupe-vent et laissé sécher mon maillot.

Après ça, je me sens mieux. J'arrive bientôt au Col du Kreuzweg (766 m), un col que je connais déjà pour l'avoir franchi lors d'une cyclomontagnarde en 2015.

Col du Kreuzweg (768 m)

Après un kilomètre de descente, j'attaque le passage dont la pente est la plus forte, entre 7 et 8% de moyenne. J'en ai pour 4 km environ, alors je prends mon temps pour économiser mes forces et je finis par arriver au Col de la Charbonnière (961 m).

Col de la Charbonnière (960 m)

Ensuite, il me reste un peu moins de deux kilomètres à gravir pour atteindre le Champ du Feu. Au sommet, le Club Vosgien a fait construire dès 1898 une tour d'observation haute de 23 m. Elle était à l'époque en territoire allemand. Quand j'y passe, la tour est en partie masquée par des échafaudages.

Le Champ du Feu : tour en travaux

Voici l'aspect de cette tour sans les échafaudages…

La tour du Champ du Feu (photo Internet)

Le Col du Champ du Feu (1077 m) est un peu plus loin, à 1 km environ en redescendant vers le versant opposé. Je n'y ai pas vu de panneau.

Col du Champ du Feu (1077 m)

Pendant trois ou quatre kilomètres, je reste sur une route de crête, la Route des Myrtilles, tantôt en faux plat descendant, tantôt en faux plat montant.

Au moment où la descente se fait plus forte, j'ai la mauvaise surprise de trouver des amas de gravillons sur la route. J'en ai rarement vu autant. Le danger de chute est grand. Les gens qui refont les routes de cette façon se moquent des risques occasionnés pour les cyclistes.

Autre mauvaise surprise lorsque je bifurque à gauche pour atteindre le Col de la Franzluhr. Celui-ci est censé être un col routier. Il y a peut-être eu du bitume jadis ; il en reste quelques traces de ci de là. Mais c'est comme s'il n'y en avait plus. Je fais 3 km de montée, dont deux sans revêtement avec plus de 7% de pente. En vélo de route, ce n'est pas évident. Je suis content que Marie-Ange ne soit pas avec moi. Elle n'aurait pas aimé passer par là. Elle aurait dû tout monter à pied.

Arrivé au col, j'avise un arbre avec des panneaux d'orientation. D'après le GPS, je suis au bon endroit. Une trace sur l'arbre semble indiquer qu'il fut un temps où il y avait un panneau de col, mais celui-ci a disparu…

Col de la Franzluhr (825 m)

Il a pourtant existé. J'en aurai la confirmation sur Internet. Quelques indices prouvent qu'il s'agit bien du même arbre.

Col de la Franzluhr : panneau

Le Col de la Franzluhr étant annoncé comme routier sur au moins un versant, je m'attends à trouver du bitume pour la suite du parcours. Erreur! Je ferai encore deux kilomètres sur piste avant de retrouver un revêtement digne de ce nom.

Au cours de la descente, au sortir de la zone boisée, j'aperçois au loin le village de Grendelbruch.

Grendelbruch

Mais avant de l'atteindre, j'ai encore deux cols à trouver. Trop content de profiter d'une descente goudronnée, je rate l'embranchement qui doit me permettre de me rendre au col suivant, le Col de Bruchberg (674 m)… Heureusement, mais un peu tardivement, le GPS m'alerte : « Hors Circuit ». Demi-tour! Je remonte les quelques centaines de mètres descendus par erreur. Et j'arrive à la nécropole nationale de Grendelbruch.

Grendelbruch : nécropole nationale

Je pense être arrivé au Col de Bruchberg, mais mon GPS me dit que non. Il faut monter encore un peu.
À l'endroit présumé, je cherche en vain un panneau de col…

Col du Bruchberg (674 m)

Selon une photo trouvée sur Internet, il y en avait un! Mais où?

Col du Bruchberg : panneau vu sur Internet

Au col suivant, nommé “Hauteur de Grendelbruch” (543 m), même scénario. Je cherche en vain un panneau.

Hauteur de Grendelbruch (543 m)

Décidément, je n'ai pas de chance, car il y en avait un aussi! Mais où????

Hauteur de Grendelbruch : panneau vu sur Internet

Sur le retour, les petites misères continuent. Comme l'heure tourne, je décide de renoncer au final que j'ai prévu, par le Col de Wolfsgrube (déjà franchi) et la Route des Vins d'Alsace. Pour gagner du temps, je décide de rallier directement la plaine, au sud d'Obernai, et d'y rester jusqu'à Stotzheim. Ça devrait être moins vallonné et plus rapide. Hélas, en voulant aller vite, je n'étudie pas assez le nouvel itinéraire et je me mélange les pinceaux. Une fois dans la plaine, j'emprunte malencontreusement une voie qui me fait remonter sur la Route des Vins. C'est malin!

Quand j'arrive enfin au gîte, accompagné par quelques gouttes et sous un ciel qui s'assombrit, tout le monde est déjà à l'apéro… C'était juste!

Bilan de ma journée : 105 km et 1850 m de D+. Je suis cuit, mais j'ai finalement réussi à franchir les cinq cols prévus ce matin. Je suis content de ma journée!

Texte : Claude
Photos personnelles, sauf mention contraire

LIENS :

Première sortie en Alsace (1/6) : De Munster au Col du Petit Ballon
Deuxième sortie (2/6) : Entre Saverne (67) et Dabo (57)
Troisième sortie (3/6) : Vélorama à Strasbourg
Quatrième sortie (4/6) : Vosges du Nord depuis Reischshoffen